• Quatuor Psophos
    Constellations

    Quatuors à cordes de Maurice Ravel, Henri Dutilleux et Claude Debussy

Pochette de l’album « Constellations », par le quatuor Psophos. / KLARTHE RECORDS

Henri Dutilleux (1916-2013) déplorait souvent qu’on le programme entre ses aînés Ravel (qui fut son idole lors des années d’études) et Debussy (qu’il admira toute sa vie). Il n’aurait sans doute pas apprécié que son quatuor à cordes (Ainsi la nuit étant plus naturellement associé au premier quatuor, Métamorphoses nocturnes, de György Ligeti) reçoive semblable encadrement. Encore moins pour siéger au centre d’une sainte trinité de la musique française. Cependant, le parcours de ces trois îlots d’indépendance est exaltant sous les archets du quatuor Psophos. La force hymnique de Ravel nous parvient dans une interprétation d’anthologie portée par la légèreté et la profondeur d’un souffle qui ne s’épuise jamais. La grandeur autoritaire de Debussy s’impose avec tact. Pierre Gervasoni

1 CD Klarthe.

  • Nelson Freire
    Brahms

    Sonate pour piano no 3 en fa mineur, op. 5. Intermezzi, op. 76, nos 3 et 4. Capriccio en ré mineur, op. 116, no 1. Intermezzi, op. 116, no 4, op. 117, no 2, et op. 118, no 2. Ballade en sol mineur, op. 118, no 3. Quatre Klavierstücke, op. 119. Valse en la bémol majeur, op. 39, no 15. Nelson Freire (piano)

Pochette de l’album consacré à Brahms par Nelson Freire (piano). / DECCA

Dix ans après de mémorables concertos enregistrés avec Riccardo Chailly, Nelson Freire revient à Brahms : un parcours qui couvre quatre décennies, de l’œuvre de jeunesse qu’est la monumentale Sonate en fa mineur, op. 5 aux Klavierstücke, op. 119 écrits à l’automne de sa vie. Le pianiste brésilien fit en 1967 ses fracassants débuts au disque avec cette Sonate, op. 5, dont il livre, près d’un demi-siècle plus tard, une version tout aussi flamboyante, plus contrastée encore. Au fiévreux « Allegro » répond un « Andante » enveloppant, au virevoltant « Scherzo » un « Intermezzo » sans fard, avant le grandiose « Finale », tout en liberté. Freire respire large, déploie une vitalité volcanique, dont la puissance n’a d’égale que la délicatesse. Le pianiste picore ensuite dans les miniatures brahmsiennes – l’opus 76 et les intimes opus 116, 117, 118, et 119. La subtilité de son rubato, le velouté de son toucher et son espièglerie confèrent à ces pages une fraîcheur lumineuse et une tendresse merveilleuse. Anna Sigalevitch

1 CD Decca.

  • Aldo Romano
    Mélodies en noir & blanc

Pochette de l’album « Mélodies en noir & blanc », d’Aldo Romano. / LE TRITON/L'AUTRE DISTRIBUTION

Batteur et l’une des principales figures de la scène du jazz en France depuis les années 1960, Aldo Romano a depuis longtemps démontré son talent de compositeur. Dans cet enregistrement, dont il faut souligner l’excellente prise de son, il revisite neuf de ses morceaux, qui forment un portrait aux reflets contrastés de ce remarquable mélodiste. La féconde complicité qui unit le batteur et le contrebassiste Michel Benita n’est plus une découverte. Pour beaucoup, la bonne surprise viendra du pianiste sicilien Dino Rubino, établi actuellement à Paris, qui s’était jusque-là surtout produit comme trompettiste, avant de revenir à ses premières amours. Le disque s’achève par une reprise de la chanson de Gérard Manset Il voyage en solitaire, qu’Aldo Romano interprète d’une voix fragile, accompagné par le piano, cette fois électrique, de Dino Rubino. Paul Benkimoun

1 CD Le Triton/L’Autre Distribution.

  • Brian Wilson
    Playback : The Brian Wilson Anthology

Pochette de l’album « Playback : The Brian Wilson Anthology », de Brian Wilson. / RHINO/WARNER MUSIC

Le nom de Brian Wilson reste (et restera) attaché à celui des Beach Boys, le groupe dont il a été le cofondateur avec ses frères Dennis et Carl, son cousin Mike Love et le copain d’enfance Al Jardine. L’étiquette détachable qui orne la compilation Playback : The Brian Wilson Anthology le rappelle. Laquelle consiste à revenir, à peu près chronologiquement, sur la carrière solo du chanteur, auteur-compositeur, pianiste et bassiste américain, en partant du premier album sous son nom en 1988 jusqu’au récent No Pier Pressure (2015). On regrettera que ne figurent pas d’extraits de l’excellent deuxième disque de Wilson, I Just Wasn’t Made for These Times (1995), qui auraient pu remplacer ceux d’un disque en public. Avec deux inédits, qui lorgnent vers les Beach Boys du début des années 1970 (Some Sweet Day) ou des années 1960 (Run James Run), et la sélection bien conçue, cette anthologie nous emmène au royaume de la pop « à l’ancienne », où brille le talent de compositeur de Brian Wilson. Un effort sur la pochette et le livret avec des photographies mal définies aurait été souhaitable. Sylvain Siclier

1 CD Rhino/Warner Music.

  • Labelle
    Univers-Ile

Pochette de l’album « Univers-Ile », de Labelle. / INFINÉ/DIFFER-ANT

Découvert en 2013, avec son album Ensemble, grâce au Prix des musiques de l’océan Indien, remporté deux années plus tard, Labelle a marqué son territoire au-delà du petit monde de l’électro à La Réunion, la terre de son père, où lui-même vit depuis six ans maintenant, après avoir quitté sa Bretagne natale. Avec ce deuxième album, il confirme encore davantage sa singularité. Vivante et radieuse, si elle exhale parfois des rythmes fiévreux (Eveil ; Babette), sa musique se déploie le plus souvent en brumes enveloppantes, incrustées de chuchotements, de créolité, de mots et de phrases en apesanteur (Zanmari Baré, Nathalie Natiembé, Maya Kamaty, Hasawa), de sons célestes ou aquatiques (la vibration de deux cymbalettes tibétaines, le souffle du flûtiste João Ferreira, la guitare slide de Prakash Sontakke ou la kora de Ballaké Sissoko). Beau et envoûtant. Patrick Labesse

1 CD InFiné/Differ-ant.