« Le Bouton qui plaît », de Jean-Jacques Lebel. / COURTESY GALERIE MATHIAS COULLAUD

On vous dit « boutons », vous pensez mercerie, nacre, bakélite, bois verni, couture, mode. A moins que vous ne pensiez bouton que l’on défait, corsage ou pantalon qui glisse, déshabillage et ce qui s’ensuit. Plutôt que de choisir, Jean-Jacques Lebel préfère réunir les deux interprétations. Depuis trois décennies, il collecte une réserve de boutons, encore dans leurs emballages, prêts à l’emploi et au raccommodage. Les fabricants ont ­appelé leurs séries « Séduction » ou « Nouveautés de Paris ».

Ces plaquettes étincelantes et multicolores ne seront jamais ouvertes, aucun bouton ne sera cousu. Lebel les emploie telles quelles, comme des échantillons des modes et du vocabulaire publicitaire d’autrefois. Il les associe à des photos de nus ou demi-nus féminins, que l’on imagine trouvées dans les mêmes puces. Elles sont poétiques, absurdes, extravagantes ou obscènes. Ce sont d’autres documents sur les mœurs, plus crus. Les plus étonnants sont ceux qui ont été pris dans des intérieurs dont on voit les détails, honnêtes chambres conjugales, bourgeoises salles à manger. Chacun de ces collages est donc tout à la fois fantastique et sérieux. De temps en temps, Lebel y ajoute un fragment de carte postale ou de page de magazine, ajoutant à l’étrangeté et au sens de ces montages parfaitement révélateurs.

« Déboutonnages », par Jean-Jacques Lebel. Galerie Mathias Coullaud, 12, rue de Picardie, Paris 3e. Tél. : 01-71-20-90-41. Du mardi au samedi de 13 heures à 19 heures. Jusqu’au 28 octobre.