Bruce Maxwell des Oakland Athletics s’agenouille en signe de protestation durant l’hymne américain, samedi 23 septembre. / Eric Risberg / AP

Donald Trump s’est érigé en défenseur des symboles des Etats-Unis : le Stars and Stripes, le drapeau des Etats-Unis et le Star Spangled Banner, l’hymne américain.

Il vient de provoquer une tempête médiatique, depuis qu’il a appelé, vendredi, en Alabama, les propriétaires des franchises de football américain (la NFL) à licencier les sportifs qui expriment leur mécontentement et dénoncent le racisme lorsque l’hymne américain est joué dans les stades.

« Ne seriez-vous pas ravis d’entendre un de ses propriétaires de NFL, quand quelqu’un manque de respect au drapeau, dire foutez-moi ce fils de pute en dehors du terrain tout de suite. (…) Il est viré.” »

Il visait, sans le nommer, l’ancien « quarterback » des San Francisco 49ers, Colin Kaepernick. En août 2016, il s’était agenouillé pendant la diffusion de l’hymne américain, pour protester contre plusieurs meurtres de Noirs par des policiers blancs. La mère adoptive de Colin Kaepernick, Teresa, lui a répondu directement dan un tweet : « Figure-toi que ça fait de moi une pute fière. »

Le grand patron du championnat, Roger Goodell, a regretté dans un communiqué les « commentaires clivants » du président qui « montrent malheureusement un manque de respect pour la NFL ». Le syndicat des footballeurs professionnels a lui aussi déploré les propos de Donald Trump et s’est engagé à défendre leur liberté d’expression.

Des joueurs de la NFL ont ensuite condamné les propos du président : « C’est une honte et un déshonneur quand un président des Etats-Unis traite des citoyens de fils de pute », a écrit sur Twitter le joueur des Minnesota Vikings, Bishop Sankey.

A peine élu, il tweetait le 29 novembre : « Personne ne devrait être autorisé à brûler le drapeau américain. Pour ceux qui le font, il doit y avoir des conséquences. Peut-être la déchéance de nationalité ou un an de prison. » Il ignorait ainsi deux arrêts de la Cour suprême (Texas v. Johnson et United States v. Eichman) qui ne l’empêchent pas.

La NBA contre Trump

Après la NFL, c’est la ligue de basket (NBA) qui a fait les frais de la colère présidentielle. Donald Trump a annoncé qu’il renonçait à inviter Stephen Curry, un des joueurs vedettes des Golden State Warriors, qui s’interrogeait sur l’opportunité de lui rendre visite.

Samedi matin, Donald Trump a annoncé sur Twitter qu’il annulait l’invitation faite à Stephen Curry qui avait eu le tort de faire savoir qu’il n’était pas disposé à se rendre à la Maison Blanche, une tradition pour les joueurs de basket ayant remporté le dernier titre national en date.

« Aller à la Maison Blanche est considéré comme un honneur pour l’équipe championne. Stephen Curry hésite, dans ce cas, invitation retirée », a écrit le président américain.

Sollicité lors d’une conférence de presse organisée dans la ville californienne d’Oakland, Stephen Curry a répondu qu’il était « indigne pour le président d’un pays de se comporter ainsi ». « Les dirigeants ne font pas ça », a-t-il ajouté.

Dans un communiqué, l’équipe des Golden State Warriors a fait savoir qu’elle se réunirait pour aborder la question d’une éventuelle visite à la Maison Blanche.

Stephen Curry a reçu des renforts de poids : « Aller à la Maison Blanche était un honneur avant que tu y sois », a tweeté à l’adresse de M. Trump l’autre vedette du sport roi aux Etats-Unis, LeBron James, finaliste cette année avec Cleveland, soutien d’Hillary Clinton lors de la campagne de 2016. « Steph : considère cette annulation comme une distinction honorifique », a affirmé le syndicat des joueurs sur son compte Twitter. « Je me demande encore comment ce gars dirige le pays », a ironisé dans un tweet, Draymond Green, un coéquipier de Curry.

Depuis son sacre en juin, l’équipe d’Oakland est dans une opposition marquée au président Trump. Kevin Durant, autre joueur emblématique, avait annoncé en août qu’il boycotterait aussi la visite. « Je ne respecte pas la personne qui occupe le poste en ce moment, je ne suis pas d’accord avec lui, je vais faire entendre ma voix en ne m’y rendant pas », avait-il expliqué.

Selon Kevin Durant, les joueurs n’ont pas digéré les propos du président américain, qui avait renvoyé dos à dos les suprémacistes blancs et les antifascistes pour les violences de Charlottesville.

Bruce Maxwell des Oakland Athletics s’agenouille en signe de protestation durant l’hymne américain, samedi 23 septembre. / Eric Risberg / AP

Samedi soir, la contagion s’est propagée dans l’autre sport majeur des Etats-Unis, le baseball, avec le premier joueur de la ligue professionnelle, Bruce Maxwell des Oakland Athletics, à s’agenouiller durant l’hymne américain.

Stevie Wonder à New York joint le mouvement

Stevie Wonder s’est agenouillé samedi soir à New York lors d’un concert réunissant stars et politiques pour soutenir la lutte contre la pauvreté dans le monde. « Ce soir, je m’agenouille pour l’Amérique », a déclaré le chanteur, accompagné par son fils Kwame Morris. Des milliers de personnes avaient convergé vers Central Park pour le Global Citizen Festival, qui attire depuis 2012 les artistes parmi les plus célèbres et coïncide avec la tenue de l’Assemblée générale des Nations unies.