Des acitivistes manifestent leur solidarité aux journalistes de « Cumhuriyet ». / OSMAN ORSAL / REUTERS

Ce procès controversé est devenu emblématique du recul des libertés en Turquie. Dans le cadre du procès de dix-sept collaborateurs du quotidien d’opposition Cumhuriyet, un tribunal d’Istanbul a ordonné, lundi 25 septembre, la remise en liberté du journaliste turc Kadri Gürsel, et le maintien en détention de quatre autres accusés.

Le juge a décidé que le chroniqueur, l’une des figures les plus respectées du journalisme en Turquie, pouvait être libéré après onze mois de détention, même s’il doit être jugé pour « activités terroristes », a rapporté un correspondant de l’AFP.

Le procès des collaborateurs de Cumhuriyet, un journal très critique du président Recep Tayyip Erdogan, a été ajourné au 31 octobre. Kadri Gürsel devrait être libéré de la prison de Silivri, en dehors d’Istanbul, où il est détenu, dans la nuit de lundi à mardi.

Accusés d’avoir aidé trois organisations terroristes

Restent en revanche en détention le patron du journal, Akin Atalay, et son rédacteur en chef, Murat Sabuncu, qui comme Kadri Gürsel sont détenus depuis trois cent trente jours, ainsi que le journaliste d’investigation Ahmet Sik, arrêté fin décembre et détenu depuis deux cent soixante-neuf jours, et Yusuf Emre Iper, un comptable du quotidien détenu depuis cent soixante-treize jours.

Lors de l’ouverture du procès fin juillet, le tribunal avait décidé de remettre en liberté provisoire sept collaborateurs de Cumhuriyet arrêtés en octobre, dont le caricaturiste Musa Kart, mais avait exclu de cette mesure cinq autres, dont le sort a été décidé ce lundi.

Les collaborateurs du journal sont accusés d’avoir aidé trois « organisations terroristes armées » : les séparatistes kurdes du PKK, un groupuscule d’extrême gauche appelé DHKP-C et le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, appelé FETO par les autorités et accusé d’avoir fomenté le coup d’Etat manqué du 15 juillet 2016.

Pour les défenseurs des droits de l’homme, ce procès traduit le recul des libertés en Turquie depuis le putsch manqué, suivi de purges massives qui ont frappé les milieux critiques : élus prokurdes, médias et ONG.

Selon le site P24, spécialisé dans la liberté de la presse, 170 journalistes sont détenus en Turquie. Celle-ci occupe la 155e place sur 180 au classement 2017 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.