Noriko Arai, lors de la présentation des résultats du robot Todai. / TED

Les échecs, les jeux télévisés et le jeu de Go ne sont pas les seuls domaines où un programme d’intelligence artificielle (IA) fait mieux que la plupart des êtres humains. Soumis à l’examen d’entrée de la prestigieuse université de Tokyo, l’un d’eux, entraîné par Noriko Arai, spécialiste japonaise de l’IA, a en effet obtenu de meilleurs résultats que 80 % des candidats.

« J’ai voulu tester l’intelligence artificielle sur des compétences que l’on présuppose purement et spécifiquement humaines, comme la dissertation », indique la chercheuse lors d’une conférence TED, mise en ligne fin août. Elle explique comment elle a entraîné, durant plusieurs années, son robot, dénommé « Todai », à écrire une dissertation de six cents mots, à partir de manuels scolaires et de Wikipédia. Il est ainsi parvenu à rédiger un texte sur un thème aussi précis que « l’ascension et la chute du commerce maritime en Asie du Sud-Est au XVIIe siècle ».

Quant au test de mathématiques, qui fait partie de l’éventail d’examens à l’entrée de l’université, le robot fait partie du 1 % d’étudiants ayant obtenu les meilleurs résultats. Néanmoins si sa réponse est correcte, il ne serait pas en mesure de détailler son raisonnement. Même chose pour la dissertation, et c’est là le paradoxe, poursuit Noriko Arai : Todai ne sait pas lire et ne comprend pas le sens des phrases, y compris de celles qu’il a écrites.

Pour l’examen d’anglais, le robot a dû apprendre 15 milliards de phrases par cœur. Il échoue cependant à répondre dans cette langue à une question simple à choix multiple, à laquelle un jeune enfant aurait répondu naturellement. In fine, Todai n’est d’ailleurs pas admissible au test d’entrée dans cette université.

Dans la conclusion de cette conférence, Noriko Arai se dit plus « inquiète » que satisfaite de ces résultats. Pour se distinguer de l’intelligence artificielle, « les étudiants ne devraient pas se contenter d’ingérer des tonnes de connaissances par cœur pour ensuite les réciter dans leurs copies ». Ils doivent se concentrer sur la « compréhension et sur le sens », poursuit la chercheuse, qui appelle à repenser le rôle de l’éducation dans ce contexte. « Il nous faut réfléchir consciencieusement à comment nous allons pouvoir coexister avec l’intelligence artificielle. Et il nous faudra penser vite », tranche-t-elle.