Des chercheurs d’or en forêt d’Amazonie, en août. / NACHO DOCE / REUTERS

Le gouvernement du Brésil, cible de vives critiques à l’intérieur du pays comme à l’étranger, a fait marche arrière et annoncé lundi 25 septembre qu’il annulait le décret autorisant l’exploitation minière d’une gigantesque réserve d’Amazonie par des compagnies privées.

La présidence va publier mardi un nouveau décret qui « rétablit les conditions de la zone, conforme au document qui a créé la réserve en 1984 », a indiqué le ministère des Mines et de l’Energie (MME) dans un communiqué.

« Le pays doit croître et créer des emplois, attirer des investissements dans le secteur minier, notamment pour exploiter le potentiel économique de la région », poursuit néanmoins le ministère.

Le décret qui a déclenché la controverse, signé le 23 août par le président conservateur Michel Temer, visait à supprimer la Réserve nationale de cuivre et associés (Renca), d’une superficie de 47 000 km2 (plus grande que la surface du Danemark) située dans la jungle amazonienne des Etats du Para et de l’Amapa (nord).

Rester publique

La réserve de Renca recèle d’importants gisements d’or, de fer, de cuivre ou de manganèse. Des minerais pratiquement inexploités jusqu’à présent, dans la mesure où le statut de réserve limitait cette activité à des entreprises publiques.

Les critiques avaient immédiatement fusé au Brésil et à l’étranger, les opposants au décret expliquant que l’exploitation privée de cette réserve allait aggraver la déforestation et le recul de la biodiversité tout en nuisant aux ethnies indigènes.

Cette réserve comprend entre autres neuf zones protégées en raison de la richesse de sa biodiversité, ainsi que des territoires des tribus indiennes Aparai, Wayana et Wajapi.

Des ONG de défense de l’environnement, des partis politiques, des célébrités comme le mannequin brésilien Gisele Bundchen ou l’acteur américain Leonardo DiCaprio et jusqu’au clergé catholique étaient montés au créneau.

Le décret avait aussi été critiqué au sein même du gouvernement du président Temer. « L’annulation du décret montre (...) qu’aucun gouvernement n’est absolument à l’abri de la pression publique », s’est satisfait Marcio Astrini, coordinateur des politiques publiques de Greenpeace Brésil. « C’est une victoire pour la société sur ceux qui veulent détruire et vendre notre forêt », a-t-il ajouté, avant d’avertir : « La Renca n’est qu’une bataille. La guerre contre l’Amazonie et ses populations, promue par Temer et la banque rurale, se poursuit ».