Le laboratoire de Châtenay-Malabry, seul centre français accrédité par l’AMA, est provisoirement suspendu. / FRANCK FIFE / AFP

Emblème de la lutte antidopage hexagonale, le laboratoire de Châtenay-Malabry, a été provisoirement suspendu en raison d’une contamination d’échantillons, a annoncé, lundi 26 septembre, l’Agence mondiale antidopage (AMA).

« Du fait de cette suspension provisoire, le laboratoire de Paris ne peut mener aucune activité antidopage, y compris des analyses d’échantillons d’urine et de sang », précise l’AMA dans un communiqué. Par conséquent, le seul laboratoire antidopage français, qui a traité environ 13 500 échantillons en 2016, ne pourra plus mener d’analyses tant que l’AMA ne l’autorisera pas à nouveau, et les échantillons n’ayant pas encore été analysés devront être transportés vers un autre laboratoire accrédité.

Dans un communiqué, l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) précise, mardi, que cette « précaution temporaire » intervient à la suite du « signalement par le laboratoire lui-même de dysfonctionnements ponctuels intervenus dans des circonstances exceptionnelles au cours du processus d’analyse. »

Pas d’incidence sur les contrôles

Rappelant qu’« aucun sportif n’a été sanctionné à tort à la suite d’un résultat d’analyse anormal établi » par ses soins, l’AFLD précise que cette suspension ne concerne pas son activité de contrôle sur les sportifs, laquelle se poursuivra normalement.

L’incident à l’origine de la suspension est survenu après une opération de contrôles d’envergure, menée au printemps dans le milieu du culturisme, a confié à l’Agence France-Presse le secrétaire général de l’AFLD, Mathieu Teoran, parlant d’un épisode « exceptionnel ». Concrètement, la concentration en stéroïdes de certains échantillons était telle, jusqu’à 200 fois supérieure à un contrôle positif classique, qu’elle a « contaminé » un robot d’analyse malgré les procédures de nettoyage habituelles, a expliqué M. Teoran. « Cet incident unique a concerné deux échantillons », contaminés à leur tour, a-t-il ajouté.

Une telle mesure de suspension de la part de l’AMA n’est pas rare, mais il s’agit d’un coup dur pour l’antidopage français, deux semaines après la désignation de Paris comme ville hôte des Jeux olympiques d’été 2024. En pointe dans la lutte contre le dopage dans les années 1990 et 2000, et ayant participé aux grandes batailles de l’antidopage contre les cyclistes Lance Armstrong ou Floyd Landis, le laboratoire de Châtenay-Malabry a peiné ces dernières années pour se maintenir au sommet. Surtout, cet épisode remet en lumière les difficultés du laboratoire français, reconnu pour avoir mis au point le premier test contre l’EPO, et va reposer la question des moyens de l’AFLD et de son laboratoire, qui emploie une quarantaine de personnes.