Xavier Duportet, cofondateur d’Eligo Biotech, dans son laboratoire à l’Institut Pasteur, le 30 octobre 2015. / ERIC PIERMONT / AFP

Installé sur les terres de Facebook, à Menlo Park, au cœur de la Silicon Valley, Khosla Ventures est l’un des fonds d’investissement les plus influents de la planète. Avec plus de 4 milliards de dollars (3,37 milliards d’euros) sous gestion, il détient des participations dans plus de 150 start-up triées sur le volet. Au milieu de l’été, Xavier Duportet passait la porte de son QG, un élégant bâtiment de bois bordé de bambous. Cofondateur d’Eligo Biotech, une société française dans les sciences de la vie, il s’apprêtait à conclure son premier deal américain. Une première aussi pour Khosla Ventures qui n’avait jamais investi dans une start-up tricolore.

La levée de fonds de 20 millions de dollars, qui a été annoncée mardi 26 septembre, permettra à Eligo de financer le développement de ses mini-robots biologiques. Conçus pour attaquer de façon ciblée certaines bactéries, ils sont armés de petits ciseaux moléculaires – connus sous le nom de « CRISPR » – qui inactivent leur cible.

« Pionniers de la technologie »

« Nous avons montré que cela marchait chez la souris, et nous comptons lancer un premier essai chez l’homme début 2020 », se félicite M. Duportet. Il portera sur une maladie rare, un « cas d’école » destiné à lancer cette technologie futuriste qui pourrait avoir des applications bien plus larges notamment dans le traitement des infections dues à des bactéries résistantes aux antibiotiques.

Hébergée dans la pépinière d’entreprise de l’hôpital Cochin à Paris, Eligo réunit quinze scientifiques et dix nationalités. La biotech vient d’être distinguée par le Forum économique mondial qui l’a intégré dans son club des « pionniers de la technologie ». M. Duportet a fait ses classes dans le temple de la biologie de synthèse au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT), à Cambridge, aux Etats-Unis. Le second fondateur d’Eligo, David Bikard, a de son côté commencé ses recherches à la Rockefeller University de New York. C’est là qu’ils ont appris les codes de l’Amérique. « Nous avons appris à pitcher, et à parler de nos idées. Nous nous sommes aussi constitués un réseau », souligne M. Duportet. C’est un ami français dans la Silicon Valley qui a joué les entremetteurs avec Khosla Ventures. « Nous les avons rencontrés en juin, et nous avons signé en juillet ! », s’étonne encore le jeune entrepreneur.