Des hommes armés ont attaqué, mardi 26 septembre, un commissariat de police et se sont emparés d’armes dans le quartier populaire d’Abobo, dans le nord d’Abidjan, a-t-on appris de source sécuritaire.

« Des individus armés ont attaqué le commissariat du 34e arrondissement à Abobo sans faire de dégâts corporels. Ils ont mis les policiers en fuite et se sont emparés d’armes », a affirmé à l’AFP cette source qui a souhaité rester anonyme.

Des témoins interrogés à proximité n’ont rien remarqué. « On était là. On n’a pas entendu de coups de feu ni rien. C’est après qu’on nous a dit qu’il s’était passé quelque chose », a expliqué un homme dont le commerce est situé en face du commissariat : « On nous a dit que des jeunes étaient venus en moto et se sont emparés des armes. »

Cette attaque survient après une série d’autres ces derniers mois.

Le 19 juillet, des hommes armés avaient pris d’assaut l’école de police d’Abidjan, dans le quartier huppé de Cocody, s’emparant d’armes avant une fusillade avec les forces de l’ordre pendant leur fuite. Une personne avait été tuée. Au moins quatre autres attaques de moindre importance et qui n’ont fait ni victime ni blessé ont suivi à Azaguié le 22 juillet, à Fresco le 29 juillet, à Adzopé le 4 août et à Songon le 3 septembre.

Affirmant détenir des preuves, les autorités et le président Alassane Ouattara lui-même ont dénoncé l’action de « déstabilisateurs » en exil, proches de l’ancien président Laurent Gbagbo, actuellement jugé par la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye pour « crimes contre l’humanité ». Ces derniers ont vigoureusement démenti, jugeant ces accusations « loufoques ».

Des évasions

En parallèle de ces attaques, trois évasions, dont deux spectaculaires, ont eu lieu au pénitencier de Katiola (centre) le 3 septembre, d’où une centaine de détenus ont pris la fuite, au palais de justice d’Abidjan, en plein centre de la capitale économique, le 8 août (20 évadés) et à Gagnoa (centre) deux jours plus tôt.

Cette série survient après la cascade de mutineries d’anciens rebelles intégrés dans l’armée après avoir contribué à porter M. Alassane Ouattara au pouvoir en 2011, qui ont ébranlé le pays en janvier et en mai, notamment dans les deux principales villes, Abidjan et Bouaké (centre).

Malgré cette recrudescence de violences, le président Ouattara s’est voulu rassurant, déclarant il y a dix jours : « Les récentes attaques (…) ne troublent pas notre sommeil. Nous travaillons pour la sécurité des Ivoiriens. »

Les forces de sécurité ont ainsi lancé une grande opération « Epervier » de sécurisation du quartier populaire de Yopougon, troublé par une augmentation de la délinquance ces dernières semaines, tandis que les forces de police se sont montrées bien plus visibles dans la capitale économique avec de nombreux contrôles nocturnes.

Les mutineries avaient conduit le président à opérer un remaniement ministériel qui a notamment vu l’ancien ministre de l’intérieur, l’influent Hamed Bakayoko, prendre en charge la défense et un de ses proches, le préfet d’Abidjan, Sidiki Diakité, lui succéder à l’intérieur.