La région teste toutes sortes de dispositifs pour accompagner les chômeurs vers l’emploi. / Jules Le Barazer

Voilà des années que les Hauts-de-France rêvent de descendre de la première marche du podium du chômage. Avec 11,7 % de personnes sans emploi, la région nordiste bat un triste record : 386 110 demandeurs d’emploi de catégorie A. Malgré une baisse de 0,5 point en un an, le taux de chômage continue de hanter la région.

Depuis son élection, en décembre 2015, le nouveau président des Hauts-de-France a choisi de faire de l’emploi son combat. Pour cela, Xavier Bertrand (LR) a multiplié les dispositifs en direction des Nordistes et des entreprises. Dès janvier 2016, première mesure toute symbolique de la nouvelle alliance entre Nord, Pas-de-Calais, Somme, Aisne et Oise, le conseil régional lance le dispositif Proch’Emploi, sorte de Pôle emploi bis.

« Nous n’allons pas nous substituer à Pôle Emploi. » Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France

Un numéro vert a été mis en place. Au bout du fil, un agent du conseil régional fixe au chômeur un rendez-vous dans les quinze jours afin de lui proposer diverses solutions : soit une mise en relation avec des entreprises, soit un financement de formation, dans tous les cas du sur-mesure. « Nous n’allons pas nous substituer à Pôle Emploi, rassurait M. Bertrand lors du lancement de ­Proch’emploi, mais en travaillant ensemble, en nouant des partenariats, nous serons plus efficaces. » Depuis son lancement, Proch’Emploi a permis à 5 833 personnes de s’orienter soit vers un emploi (83 %), soit vers une formation (17 %).

Former les demandeurs d’emploi

Car à défaut de vous trouver un travail dans ­votre domaine, la région s’engage à vous former. Avec le chèque Pass Formation, il est possible de décrocher jusqu’à 6 000 euros pour, par exemple, créer son entreprise. Cette enveloppe permet de soutenir des projets individuels de formation dans un métier recherché par les employeurs. Plus de 5 800 parcours ont d’ores et déjà été pris en charge dans le cadre de ce dispositif. Un budget de 2 millions d’euros a été engagé, pour un coût moyen de 2 700 euros par formation.

La région s’adresse aussi aux employeurs. Le dispositif Pass Emploi joue la carte du « partenariat gagnant-gagnant ». L’entreprise peut bénéficier de subventions pour former de nouveaux collaborateurs à condition de s’engager à les ­recruter. A ce jour, plus de 3 200 personnes ont été formées pour plus de 500 dossiers acceptés par le conseil régional.

Sur son site d’Estrées-Mons, dans la Somme, le géant de la transformation de légumes Bonduelle a ainsi signé une convention pour former en amont une partie de ses futurs salariés. Bonduelle souhaite en ­effet embaucher 150 saisonniers par an pendant cinq ans sur ce site qui emploie au plus fort de la saison des légumes près de 2 000 personnes dont 1 000 saisonniers, qu’il faut former pour répondre aux exigences croissantes en matière d’hygiène et de sécurité. Une opération financée par la région à hauteur de 434 700 euros.

Dans le bassin d’emploi de l’Avesnois, où le taux de chômage peut atteindre les 35 %, les ­entreprises peinent parfois à recruter de la main-d’œuvre, à l’exemple de la fromagerie Fauquet, de l’équipementier automobile Eberspächer ou de l’industriel pharmaceutique West Pharmaceutical. Entre mars et juin, ces entreprises ont permis à dix demandeurs d’emploi de bénéficier d’une formation financée par la région (54 750 euros).

Mise à disposition d’un véhicule

Aujourd’hui, ces dix Nordistes travaillent sur des missions en longue ­durée comme agents de production. L’un d’eux a même signé un CDI intérimaire, contrat ­hybride créé en 2014, signé avec une entreprise de travail temporaire. « C’est une très belle réussite, estime Nadia Schaumann, la directrice de l’agence Adecco d’Hirson, partenaire de l’opération. On y a mis beaucoup d’énergie mais, quand on voit le résultat, c’est que du bonheur pour ces gens qui étaient sans ressources ou au RSA. »

Autre mesure expérimentée par les Hauts-de-France, la mise à disposition d’un véhicule pour 2 euros par jour. Dans l’entourage de M. Bertrand, on aime rappeler qu’il faut aider ceux qui cherchent un travail, mais aussi ceux qui travaillent et ceux qui créent des emplois. Depuis janvier, la région prête un véhicule aux personnes qui ont retrouvé un poste, mais ne disposent pas de moyens de ­locomotion pour effectuer les trajets domicile-travail. « En route pour l’emploi », c’est un parc de 40 voitures disponibles à condition d’avoir trouvé un CDD de trois mois minimum ou un CDI et de gagner moins de 1 800 euros brut par mois. Sur les 300 dossiers reçus à la région, seuls 46 ont été éligibles. « Pour toutes ces expérimentations, il y a un reporting hebdomadaire suivi par le président, précise l’entourage de M. Bertrand. Ce sont des politiques pragmatiques qu’on adaptera en fonction de leur impact. »

Aide aux jeunes parents

La région aide aussi les salariés qui ont du mal à boucler les fins de mois grâce à une aide aux transports. Une enveloppe de 2,82 millions d’euros consacrée à cette mesure expérimentale a été votée le 28 janvier. Cette aide de 20 euros par mois s’adresse aux actifs qui perçoivent un salaire net de moins de deux smics, et sont obligés de couvrir une distance d’au moins 30 kilomètres en voiture, faute de transports en commun. Elle a déjà été versée à plus de 19 000 bénéficiaires.

Après l’aide au transport, un nouveau dispositif inédit en France a été lancé en mars à destination des jeunes parents. Partant du constat qu’il est difficile de concilier vie professionnelle et vie familiale, la région a déjà accordé plus de 6 000 aides à la garde d’enfant, soit 20 euros par mois pour un couple ou 30 euros pour une famille monoparentale.

Autant d’expérimentations qui ont un coût, que M. Bertrand se garde bien de révéler… Rien ne dit si l’ensemble de ces mesures financées par le conseil régional suffira à inverser la courbe du chômage dans les Hauts-de-France. Il est encore trop tôt pour établir un bilan.

Réalisé en partenariat avec Régions de France.