Neymar, Edinson Cavani et Kylian Mbappé, mercred 27 septembre, au Parc des princes / FRANCK FIFE / AFP

Aux anges, le public du Parc des princes s’est mis à saluer chaque passe réalisée par ses joueurs par des « Olé » narquois. L’écran géant du stade indiquait alors la 78e minute de la rencontre et le Paris-Saint-Germain se dirigeait vers une large victoire (3-0) face au Bayern Munich. Malgré leurs nombreuses occasions et leur maîtrise du ballon, les Bavarois ne sont guère parvenus à réduire la marque, tombant de haut, mercredi 27 septembre, lors de la 2ème journée de la phase de poules de Ligue des champions.

En ligne, les joueurs du PSG ont longuement communié avec leurs supporters au terme de la rencontre. « Demain l’Europe sera rouge et bleue », pouvait-on lire sur le tifo déployé dans les tribunes du Parc. Si la route vers la finale du tournoi, programmée le 26 mai à Kiev (Ukraine), est encore longue, le club de la capitale a donné le ton en renversant le Bayern Munich, l’un de ses principaux rivaux, quintuple vainqueur de l’épreuve.

Grâce à ce succès de prestige, le PSG version Qatar Sports Investments (QSI) s’empare de la première place de la poule B et devance de trois points les Bavarois et les Ecossais du Celtic Glasgow, victorieux (3-0) des Belges d’Anderlecht. « Nous sommes les favoris du groupe, a reconnu l’entraîneur parisien Unai Emery, en conférence de presse. L’objectif était de gagner ici, c’était important pour les supporters qui ont profité de cette victoire contre une équipe de haut niveau, qui nous a montré le chemin pour progresser. »

Premier test d’envergure pour le PSG

En sortant du Parc des princes, les supporteurs du PSG oscillaient entre euphorie et incrédulité. « C’était quand même le Bayern en face », pouvait-on entendre aux alentours de l’enceinte. Certes, les Allemands étaient privés de leur gardien et capitaine Manuel Neuer, le meilleur spécialiste du poste, blessé au pied. Mais, au regard de l’expérience accumulée par le Bayern dans cette compétition, la performance des Parisiens ne doit guère être minimisée. Les protégés d’Unai Emery ont brillamment passé ce premier test d’envergure sur la scène européenne depuis le recrutement, cet été, du Brésilien Neymar et du prodige français Kylian Mbappé.

Sonnés par le but précoce de Dani Alves (une minute et 24 secondes), idéalement servi par son compatriote Neymar, les Bavarois ont dû rapidement prendre le jeu à leur compte. Sous les sifflets du Parc, les quintuples champions d’Allemagne en titre ont offert des boulevards à leurs adversaires, redoutables en contre-attaques.

La vitesse de Kylian Mbappé, le réalisme d’Edinson Cavani, auteur du deuxième but, et les dribbles de Neymar ont enterré les espoirs du Bayern. Pour moucher la presse sportive, à l’origine du « Penaltygate », Cavani et Neymar ont multiplié les signes de complicité. Entre deux occasions, ils ont mis en scène cette entente cordiale. Quitte à surjouer.

Loin de s’appesantir sur ces réconciliations très théâtrales, Unai Emery a salué la faculté « d’adaptation » de ses protégés. « Normalement nous contrôlons le ballon mais, aujourd’hui, l’adversaire a défendu plus haut contre nous », a analysé le coach espagnol, prié par sa direction d’atteindre, cette saison, au minimum les demi-finales du tournoi.

Le choc des cultures

Quatre ans après son départ du club parisien, l’Italien Carlo Ancelotti aurait, lui, préféré d’autres retrouvailles avec le Parc des princes. « Je pensais avant que le PSG était une équipe très forte, très dangereuse. On a préparé un match pour avoir le contrôle du jeu, mais on n’a pas eu d’équilibre, a développé, en français, l’ex-entraîneur de l’équipe de la capitale (2012-2013), devenu depuis le coach du Bayern. C’était la clé parce qu’on a pris trop de contre-attaques. Arrêter Mbappé, oui, c’est difficile, comme Neymar : quand ils ont l’espace pour montrer leurs qualités, c’est beaucoup plus difficile de les contrôler. »

Les dirigeants du PSG pouvaient d’autant plus apprécier ce succès que leurs homologues bavarois, un brin méprisants, n’avaient pas mâché leurs mots ces derniers jours. Cette confrontation avait même été qualifiée de « choc de deux cultures » par Karl-Heinz Rummenigge, le président du conseil d’administration du Bayern Munich. Ce dernier avait d’ailleurs dépeint le PSG en « nouveau-né » afin de déplacer ce match sur le terrain économique.

Avec son modèle rentable (592 millions d’euros de revenus sur la saison 2015-2016) et son savoir-faire cultivé depuis des décennies, le Bayern n’est-il pas l’anti-PSG ? Propriétaire de son stade, l’Allianz Arena, le club allemand ne mise-t-il pas actuellement sur des jeunes prometteurs, à l’image de l’ex-lyonnais Corentin Tolisso, 23 ans, recruté pour 41, 5 millions d’euros cet été ?

En quête de légitimité, désireux de passer enfin le cap des demi-finales après cinq tentatives infructueuses, les dirigeants du PSG peuvent ainsi se réjouir d’avoir remporté cette première manche face au Bayern. « « On n’a rien gagné aujourd’hui, pas encore. On veut tout faire pour finir à la première place du groupe », a rappelé gravement Nasser Al-Khelaïfi, le président du club parisien.

Pour consolider leur avance au classement, Neymar et consorts devront battre les Belges d’Anderlecht, le 18 octobre, lors d’un déplacement qui s’apparente d’ores et déjà à une formalité. Le 5 décembre, Parisiens et Bavarois se retrouveront, cette fois, à Munich, pour se départager. Il sera alors temps de vérifier si le PSG a vraiment grandi.