Le premier ministre, Edouard Philippe, et Françios Bayrou, à Pau, le 9 septembre 2017. / GAIZKA IROZ / AFP

Bien mais peut mieux faire. Trois mois après son départ forcé du gouvernement, François Bayrou entend peser sur les choix de la majorité, l’empêcher de dériver trop à droite ou de trop verser dans l’économisme. A la veille de l’université de rentrée de son parti, le MoDem, du 29 septembre au 1er octobre dans le Morbihan, l’ancien garde des sceaux a exhorté le président de la République à se saisir d’un « projet social ».

« La France en a besoin. Son histoire, sa vocation, c’est que le souci de justice soit aussi important qu’un souci d’efficacité », a déclaré jeudi 28 septembre le maire de Pau lors de l’émission « Questions d’info » sur LCP en partenariat avec Le Monde, France info et l’AFP : « Emmanuel Macron a prononcé un discours sur l’Europe remarquable. Il a pris la volonté du pays, l’ambition nationale et il l’a portée. De la même manière, il faut prendre l’ambition sociale du pays et la porter », a-t-il encore insisté.

Qu’est-ce qu’un projet social aux yeux du centriste ? Réponse : « Que chacune des catégories de la population trouve un espoir pour son avenir… Pas un petit espoir pour les petits et un grand espoir pour les grands, mais un espoir qui fasse que chacun, et notamment lorsqu’on vit dans les milieux populaires, puisse imaginer ou avoir la certitude que le mérite, l’effort, le talent de ses enfants, les siens propres quand on travaille ou quand on travaillera, que tout cela puisse offrir une réalisation pour plus tard. »

« Le Parlement aura à vérifier »

La veille, le gouvernement avait présenté le projet de loi de finances pour 2018 qui trace ses grandes orientations. S’agissant de la refonte de l’impôt sur la fortune qui va devenir un impot sur la seule fortune immobilière, François Bayrou l’approuve mais à une condition : que l’investissement exonéré soit bien dirigé vers l’appareil productif du pays. « Le Parlement aura à vérifier cela » a- t-il prévenu.

La hausse de la CSG pour une partie des retraités le fait en revanche réagir. « Certes, convient-il, la situation des retraités est globalement plus rassurante que celle des salariés et des actifs », mais le patron du MoDem juge trop bas le seuil de 1 200 euros à partir duquel ils sont pour l’heure concernés par la mesure. Là encore, le Parlement aura à corriger « J’en ai parlé avec un certain nombre d’élus (…) y compris du groupe En marche, eux aussi s’inquiètent de ce niveau-là », a-t-il tenu à préciser.

François Bayrou a en revanche salué la volonté du gouvernement d’arriver progressivement à une suppression de la taxe d’habitation, « une idée très bonne et très importante », a-t-il déclaré en plaidant pour « une refonte complète de la fiscalité locale ».

Regrouper les élections locales

Interrogé sur le rôle qu’il compte jouer auprès d’Emmanuel Macron, le maire de Pau a dit vouloir l’« aider » en « précisant le cap d’une campagne que nous avons faite ensemble, en défendant devant les Français des grandes orientations et en mettant en avant des sujets qui n’apparaissent pas encore dans le débat public ».

Dans la foulée, il a préconisé de « regrouper toutes les élections locales en une seule » (régionales, départementales et municipales en 2021) pour ne pas « émailler la vie politique française d’élections qui sont par nature des périodes paralysantes ».