Nathalie Haddadi, dont le fils djihadiste est mort en Syrie, a été condamnée à deux ans de prison pour lui avoir envoyé de l’argent. / PHILIPPE WOJAZER / REUTERS

La mère d’un djihadiste franco-algérien présumé mort en Syrie, Nathalie Haddadi, a été condamnée jeudi 28 septembre à deux ans de prison ferme pour avoir « financé le terrorisme » en lui envoyant de l’argent.

Le tribunal correctionnel de Paris n’a en revanche pas ordonné son incarcération immédiate, comme l’avait requis le procureur lors de l’audience, le 5 septembre. La peine prononcée est assortie de la possibilité de l’aménager, ce qui signifie que Mme Haddadi n’effectuera pas nécessairement toute sa peine derrière les barreaux.

« J’ai aidé mon fils »

Placée jusque-là sous contrôle judiciaire, Nathalie Haddadi, 43 ans, entend faire appel, selon son avocat Me Hervé Denis. « J’ai du mal à croire qu’on m’associe au financement du terrorisme. J’ai aidé mon fils » notamment pour « manger », avait déclaré Mme Haddadi, « très inquiète » à son arrivée.

La justice reproche notamment à Nathalie Haddadi, conseillère commerciale en Alsace, d’avoir payé des billets d’avion pour l’Algérie à son fils, Belabbas Bounaga. Radicalisé, sortant de prison, il y aurait rejoint son père au début de novembre 2015, alors qu’il était visé par une interdiction de sortie du territoire français.

Mme Haddadi est aussi accusée d’avoir caché aux autorités le passeport de son fils et, surtout, de lui avoir ensuite payé d’autres billets d’avion et fait parvenir quelque 2 800 euros tandis qu’il voyageait en Malaisie. De là, il avait rejoint l’organisation Etat islamique (EI) en Syrie. En août 2016, Mme Haddadi reçut un appel lui annonçant la mort de son fils, à 21 ans.

Jurisprudence

Son fils cadet, Tarik, et le meilleur ami de son aîné, Souliman Hamouten, étaient aussi jugés pour avoir envoyé de l’argent à Belabbas Bounaga. Le premier a été condamné à un an de prison avec sursis. Le second, resté en contact avec lui quand il était en Syrie, selon l’accusation, a été condamné à la peine de prison la plus sévère, soit trois ans avec incarcération immédiate.

Pour les avocats des prévenus, ce procès risque d’en appeler de nombreux autres. « Ce n’est plus le seul combat de Mme Haddadi mais celui de tous les parents d’enfants radicalisés en prison ou hors de prison, menacés de poursuite par le parquet, qui les juge responsables de cette situation », a déclaré Me Denis. L’avocat craint que ce verdict ne fasse jurisprudence.