Un magasin HEMA, au Forum des Halles, à Paris, en février 2016. / ALAIN JOCARD / AFP

La chaîne de magasins néerlandaise HEMA a confirmé, jeudi 28 septembre, lors de la publication de ses résultats trimestriels, sa mise en vente. Son propriétaire, le fonds d’investissement Lion Capital a décidé de se séparer de cette enseigne de produits pour la maison à petits prix, à mi-chemin entre Casa et Monoprix, dix ans après l’avoir rachetée.

« Lion Capital et HEMA sont actuellement en train d’examiner plusieurs options stratégiques pour l’avenir de la société, incluant la possibilité d’une vente », est-il écrit dans le communiqué de presse de HEMA, qui précise que la banque Credit Suisse a été mandatée pour mener à bien cette réflexion stratégique.

Cette décision s’explique par la volonté de Lion Capital de valoriser cette acquisition, au moment où les résultats de la chaîne de magasins s’améliorent, après plusieurs années difficiles. Au deuxième trimestre, les ventes de HEMA ont atteint 287 millions d’euros, en hausse de 3,3 % par rapport à la même période l’an dernier. L’entreprise a affiché une perte de 29 millions d’euros au deuxième trimestre (à comparer à une perte de 9,6 millions sur la même période de 2016), « due à un coût exceptionnel de 20,1 millions d’euros lié à un refinancement ». En dehors de cette opération, le bénéfice affiche une croissance de 5 %.

En 2016, le chiffre d’affaires de la chaîne de magasins avait atteint 1,2 milliard d’euros, soit une augmentation de 4,9 %, pour un résultat opérationnel de 28,9 millions d’euros, principalement en raison de l’amélioration des ventes aux Pays-Bas et de l’expansion enregistrée en France, au Royaume-Uni et en Espagne. La perte nette a diminué de 64 %, passant de 72,5 millions d’euros à 26,2 millions d’euros. En 2016, HEMA s’est focalisé sur l’internationalisation de la marque, pilier de la stratégie de croissance pour la période 2016 -2018.

Début juin, le journal néerlandais De Telegraaf, citant des sources internes et des banquiers d’affaires, laissait entendre que Lion Capital sondait le marché pour vendre HEMA ou mettre l’enseigne en Bourse, tout en soulignant que le résultat de cette réflexion n’était attendu qu’en 2018.

Une institution aux Pays-Bas et en Belgique

Propriétaire d’Alain Afflelou, mais aussi de l’enseigne de surgelés Picard, dont il cherche à se défaire, Lion Capital avait racheté HEMA en juillet 2007 au groupe néerlandais Maxeda, spécialisé dans le commerce de détail. Montant de l’acquisition à l’époque : 1,1 milliard d’euros. Depuis, il avait – par deux fois et sans succès – tenté de céder HEMA, en 2010 au distributeur Ahold et en 2014.

HEMA a été créé en 1926 sous l’acronyme de Hollandsche Eenheidsprijzen Maatschappij Amsterdam pour « Compagnie hollandaise de prix standard Amsterdam » par Arthur Isaac et Léo Mayer, deux cadres néerlandais des grands magasins De Bijenkorf. L’enseigne connaît un succès rapide grâce à ses produits du quotidien vendus à des prix de 10, 25 ou 50 centimes de florins, un concept de prix fixes qui sera abandonné après la seconde guerre mondiale.

Dans les années 1970, l’enseigne se lance dans la vente de sa propre marque, pour fidéliser les clients. Par la suite, elle cherche à exporter le concept hors des Pays-Bas. D’abord en Belgique voisine en 1984, puis en Allemagne en 2003, au Luxembourg en 2006, en France en 2009, et, enfin, en Espagne et au Royaume-Uni en 2014.

HEMA possède aujourd’hui plus de 700 magasins dans sept pays, essentiellement dans les centres-villes et les lieux de passage. La chaîne emploie environ 17 000 personnes et propose près de 32 000 produits et services. Aux Pays-Bas et en Belgique, elle est une institution. On y trouve de la vaisselle, de la décoration, de la papeterie, du maquillage, quelques produits d’épicerie, jusqu’aux derniers gadgets à la mode, mais aussi des espaces de restauration rapide dans certains magasins. Des articles du quotidien, achetés par une clientèle composée à 80 % de femmes ayant entre 18 et 25 ans.

HEMA est à la décoration ce que H&M ou Zara sont au prêt-à-porter. En France, la marque poursuit son expansion, avec l’ouverture, le 30 août, à Troyes (Aube), de son 61e magasin, après avoir investi cette année de nombreuses autres villes comme Brest, le 1er juillet, ou encore Nice, en avril.