Le secrétaire d’Etat à la cohésion des territoires, Julien Denormandie, lors d’un discours devant le congrès des HLM, le 28 septembre 2017 à Strasbourg. / PATRICK HERTZOG / AFP

C’était un peu le baptême du feu pour le jeune secrétaire d’Etat à la cohésion des territoires, Julien Denormandie, que désormais tout le monde voit en ministre du logement. Ce jeudi 28 septembre, il était venu à Strasbourg pour clore les débats du 78e congrès des HLM. De nombreux participants, locataires, responsables d’associations de lutte contre le mal logement, mais aussi des directeurs d’organismes HLM lui ont réservé un accueil bruyant. Des cornes de brume, des sifflets ou des slogans « Les locataires en colère… taxer les milliardaires, pas les locataires » ont retenti à l’arrivée de M. Denormandie. « Le casse du siècle à 2 milliards » proclamait une banderole, tandis que des militants brandissaient un énorme chèque de 2 milliards de la banque des locataires.

Une colère provoquée par les annonces de la veille : le projet de loi de finances prévoit une baisse de 1,5 milliard des APL, que les bailleurs sociaux doivent compenser par des baisses de loyers. Cela a fait l’effet « d’une bombe atomique » qui « met en péril le logement social », selon une motion votée à l’unanimité, ce qui est inédit, de tous les bailleurs sociaux.

Système « sous perfusion »

Visiblement ému, le secrétaire d’Etat a tenté de dérouler son discours, relançant involontairement la colère des manifestants par ses propos. « Nous voulons réformer un système vieux de quarante ans qui vit sous perfusion, a-t-il expliqué, nous voulons plus de logements sociaux, construire plus, mieux et moins cher. Croyez-vous que nous voulons mettre à mal le logement social ? » « Oui », ont répondu les participants. « Fossoyeur », a même lancé l’un d’entre eux.

Des participants au congrès des HLM, lors d’un discours de Julien Denormandie, le 28 septembre à Strasbourg. / PATRICK HERTZOG / AFP

Un front s’est formé entre les associations de locataires et de lutte contre le mal-logement, les syndicats de salariés, mais aussi des élus de tous bords. Les maires de Suresnes (Hauts-de-Seine), de Grenoble (Isère) ou de Vitry-le-François venus représenter François Baroin au nom des maires de France, des présidents ou vice-présidents des métropoles de Rennes, de Brest ou de Strasbourg ont témoigné de leur incompréhension face aux mesures du gouvernement. Emmanuel Couet, le président de la métropole de Rennes, a menacé de démissionner de la présidence du Fonds national des aides à la pierre si le gouvernement persiste. Des parlementaires, comme les sénatrices Dominique Estrosi-Sassone (LR) ou Marie-Noëlle Lienemann (PS), ainsi que le député de Seine-Saint-Denis Stéphane Peu (PCF), ont aussi apporté leur soutien au front du refus. « Nous n’allons pas nous laisser faire », a promis Ian Brossat (PCF), l’adjoint au logement à la mairie de Paris.

Dans la confusion, sa voix couverte par les sifflets, Julien Denormandie a lancé « un appel au dialogue, à se mettre autour de la table pour trouver des compensations ». « Vive le logement social », a-t-il conclu. Pas sûr qu’il ait été entendu.