Alstom emploie 32 800 salariés, dont 9 000 en France. / SEBASTIEN BOZON / AFP

Serrer les rangs, et faire face aux critiques. Le gouvernement est remonté au créneau, jeudi 28 septembre, pour défendre la fusion Alstom-Siemens face aux critiques dénonçant le passage sous pavillon allemand du fabricant du TGV.

Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a assuré que le gouvernement avait « les moyens d’exercer la pression nécessaire » sur le groupe allemand pour qu’il tienne ses engagements, notamment le maintien de l’emploi et des sites industriels pour une durée de quatre ans. Il a par ailleurs dit qu’en tant que « client majeur de Siemens-Alstom », l’Etat détient, à travers ses commandes, « un moyen de contrôle qui est beaucoup plus important que d’avoir 5, 10, ou 15 % au capital du nouvel ensemble ».

Commission d’enquête parlementaire réclamée

Depuis l’annonce, mercredi soir, de cette fusion « entre égaux », mais dans laquelle Siemens sera majoritaire, gauche et droite montent à l’assaut d’un accord aussi économique que politique, négocié par les dirigeants de Siemens et d’Alstom, mais aussi par l’Elysée et la Chancellerie. L’Etat, qui détenait 20 % du capital d’Alstom via des actions prêtées par Bouygues, n’exercera pas son option d’achat, et ne siégera donc pas au conseil d’administration du nouveau groupe.

Plusieurs députés et groupes parlementaires ont demandé la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire :

  • La présidente du Front national, Marine Le Pen, estime ainsi qu’« il ne faudrait pas qu’on apprenne » l’existence « d’un pacte » entre actionnaires. « Nous devons conserver le contrôle de nos grands géants français, or aujourd’hui ça n’est pas le cas », a-t-elle jugé.
  • Les députés de La France insoumise ont accusé l’exécutif de poursuivre « sa vente à la découpe des fleurons de l’industrie », et ont invité « les autres groupes parlementaires à se joindre » à eux pour demander cette commission d’enquête.
  • Le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, avait lui aussi réclamé une commission d’enquête parlementaire, évoquant « un soupçon de conflit d’intérêts »
  • L’ancien ministre de l’économie Arnaud Montebourg s’est même fendu d’une tribune dans Le Monde dans laquelle il appelle à « nationaliser Alstom, en prenant position dans le capital de la nouvelle entité ». Il estime que la « décision de vendre Alstom à Siemens nous coûtera certainement très cher et aggravera encore notre faiblesse industrielle ».

Côté allemand, en revanche, la classe politique est dans l’ensemble restée silencieuse, alors que le pays sort d’élections législatives et s’apprête à engager des négociations de gouvernement délicates. L’interventionnisme étatique dans l’économie y est une pratique bien moins ancrée.

Outre-Rhin, c’est surtout un possible rapprochement de Siemens avec le canadien Bombardier, dont l’activité ferroviaire est très implantée en Allemagne, qui faisait redouter des suppressions d’emplois. Siemens va apporter ses activités ferroviaires et signalisation à Alstom, en échange de la moitié du capital du groupe français, dont il pourra dépasser les 50,5 % après quatre ans. Il sera par ailleurs majoritaire au conseil d’administration.

Alstom emploie 32 800 salariés, dont 9 000 en France. Siemens Mobility (la branche rail) compte pour sa part 27 100 employés.