San Juan, Porto Rico, le 24 septembre. / Alvin Baez / REUTERS

Le président américain, Donald Trump, a levé pour dix jours, jeudi 28 septembre, les restrictions sur le trafic maritime à destination de l’île de Porto Rico afin d’améliorer le ravitaillement de ce territoire américain des Caraïbes, dévasté le 20 septembre par l’ouragan Maria.

A la demande du gouverneur portoricain, Ricardo Rossello, Donald Trump « a autorisé la levée du Jones Act pour Porto Rico. Cela prend effet immédiatement », a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders. Le « Jones Act », loi de 1920 sur la marine marchande, limite en effet le trafic interportuaire américain aux seuls navires construits, possédés et exploités par des Américains.

Cette annonce intervient alors que des critiques s’élevaient sur le peu d’attention portée par la Maison Blanche à ce territoire déjà en proie à de grandes difficultés économiques avant le passage des ouragans. Dans un premier temps, Donald Trump avait souligné, dans une série de Tweets publiés lundi 25 septembre, les différences entre la Floride et le Texas, qui s’en sortent plutôt bien face aux dommages provoqués par les tempêtes, et l’île, qui est « en grande difficulté et doit déjà des milliards à Wall Street et aux banques ». Le lendemain, il avait finalement annoncé qu’il se rendrait sur l’île la semaine suivante, pour couper court aux critiques.

Malgré les efforts déployés par les agences de secours fédérales et l’armée américaine, de nombreux Portoricains manifestent leur exaspération face à l’absence prolongée d’électricité et au manque d’eau potable. Certains détracteurs de la réponse fédérale estiment même que Porto Rico na pas bénéficié de la même attention que d’autres Etats touchés par les ouragans.

Une île en état de faillite

L’île de 3,5 millions d’habitants jouit d’un statut particulier : elle n’est pas un Etat américain au sens strict mais un territoire non incorporé des Etats-Unis. Ses habitants sont des citoyens américains, ainsi que le rappelait CNN lors du référendum organisé en juin pour devenir le 51e Etat. A ce titre, l’île reçoit des aides fédérales de Washington, mais Porto Rico est en état de faillite et nul ne sait qui pourra garantir les quelque 10 milliards de dollars nécessaires à la reconstruction après le passage de Maria, souligne le magazine Fortune, qui s’interroge aussi sur ses capacités de rebond. Porto Rico est plongée dans une crise économique depuis onze ans et le taux de chômage y est deux fois supérieur à celui du continent.

Le gouverneur Ricardo Rossello, qui estime que l’île est « au bord d’une crise humanitaire », a d’ailleurs l’intention de demander à la Réserve fédérale et au département du Trésor de lui accorder des prêts à « des taux raisonnables » afin de financer la reconstruction : « Nous n’aurons aucun revenu dans les prochains mois, ce qui nous met dans une situation difficile », a-t-il reconnu.

Dans un long reportage illustré, le New York Times décrit les dégâts et la manière dont les habitants font face depuis une semaine au manque d’électricité, d’eau potable et d’essence. Mais d’autres îles des Caraïbes ont été lourdement touchées par les ouragans et la relève s’annonce longue. L’ensemble des 1 600 habitants de la petite île de Barbuda ont été évacués vers Antigua après la destruction de 95 % de ses infrastructures et de ses habitations.

A Porto Rico, après le passage de Maria, l’aide se fait encore attendre