Bruno Le Maire était en déplacement sur le site d’Alstom à Valenciennes, où il a assuré qu’il « croyait à cette fusion » qu’il considère « bonne pour la France ». / PASCAL ROSSIGNOL / REUTERS

Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a annoncé, vendredi 29 septembre, qu’il prendrait la direction du futur « comité national de suivi » des engagements de Siemens vis-à-vis d’Alstom, dans le cadre de la fusion entre les deux groupes ferroviaires.

« Je le dirigerai moi-même, avec des représentants des salariés et des entreprises », a assuré M. Le Maire lors d’une visite sur le site d’Alstom à Valenciennes. 

« Je pense que c’est une garantie forte pour les salariés que de savoir que le ministre de l’économie s’engage personnellement à suivre les engagements pris par Siemens vis-à-vis de l’emploi, du développement de l’emploi et des sites en France. »

« Je prends mes responsabilités parce que je crois à cette fusion. Je crois qu’elle est bonne pour le pays, bonne pour la France », a ajouté le ministre de l’économie, promettant aussi qu’il allait « demander au prochain gouvernement allemand de mettre en place un représentant de haut niveau pour veiller aux engagements de Siemens vis-à-vis de la France ».

Ce projet de fusion présente des « garanties sérieuses », « solides », a-t-il martelé avant de les énumérer : « aucune suppression d’emplois en France, aucune fermeture de sites en France, un directeur exécutif qui restera M. Poupard-Lafarge, qui a fait un travail remarquable sur Alstom, une cotation qui aura lieu à Paris ».

Craintes pour l’emploi

Le gouvernement a été très critiqué après avoir annoncé qu’il n’entrerait pas au capital de la future entreprise issue de la fusion entre Alstom et Siemens, où Siemens sera l’actionnaire principal. « M. Macron nous brade », avait réagi Laurent Wauquiez, vice-président des Républicains (LR). Les élus Front de gauche d’Ile-de-France Mobilité – l’entité chargée des transports dans la région – avaient également estimé qu’« un tel scénario n’[avait] rien de l’Airbus du ferroviaire vanté dans la presse, puisqu’il ne repose sur aucun contrôle public ».

Peu avant l’arrivée du ministre sur le site de Valanciennes, une trentaine de militants, en majorité de la CGT, l’attendaient près d’un rond-point à l’entrée de la zone industrielle « pour dire non au mariage entre Siemens et Alstom ». Ils ont été expulsés par des CRS et quatre cavaliers montés.

Le député communiste Fabien Roussel l’a également interpellé à l’entrée du site, lui remettant une lettre exprimant ses inquiétudes.

M. Le Maire a d’abord rencontré les syndicats et la direction du groupe, dont le PDG Henri Poupart-Lafarge. Il a aussi visité les lignes de production.

« Un géant chinois [CRRC], qui n’existait pas en 2000, et qui, aujourd’hui, est devenu le premier acteur ferroviaire mondial et qui prend des parts de marché partout. Nous, européens, nous devons réagir, nous unir », a-t-il encore affirmé. « Il vaut mieux être dans la motrice de tête que dans le wagon de queue. Si l’alliance avait été celle de Siemens et Bombardier, on allait être dans le wagon de queue », a encore lancé le ministre, avant de moquer les « vieilles solutions qui ne marchent pas » comme la « nationalisation » d’Alstom.

A l’issue de sa visite, le secrétaire adjoint de la CGT Samir Dardari s’est déclaré « pas vraiment rassuré ». « Aujourd’hui, des engagements, on n’en a pas vraiment. On demande un vrai plan de développement. Le moral est à l’inquiétude et au questionnement On attend de voir ce que va donner ce comité de suivi. Les économies d’échelle se font toujours au détriment de l’emploi », a-t-il asséné.

Si l’accord entre les deux groupes prévoit bien le maintien de l’emploi en France pendant quatre ans, la CFE-CGC, la CFDT et FO ont fait part de leurs craintes en soulignant qu’Alstom était « en choc frontal avec Siemens sur toutes ses activités ».