Henry Bolton,  vendredi 29 septembre, à Torquay. / BEN STANSALL / AFP

« Out now » (« sortons maintenant [de l’Union européenne] »). Le Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP) tente de s’inventer un nouveau rôle dans la vie politique britannique avec ce nouveau slogan dévoilé vendredi 29 septembre lors de son congrès de Torquay (sud-ouest de l’Angleterre). En crise ouverte depuis la victoire du Brexit − sa revendication phare −, l’organisation d’extrême droite au fonctionnement chaotique a élu son quatrième leader en un an et tente de retrouver une raison d’être : s’assurer que le pays va effectivement quitter l’UE et se faire le porte-parole des nombreux Britanniques qui ne comprennent pas que, plus d’un an après le référendum, ce ne soit pas déjà fait. En optant pour le maintien de la ligne antieuropéenne du parti, les adhérents, divisés, ont choisi à une courte majorité de ne pas le transformer en organisation ouvertement anti-islam.

« Le Brexit est notre tâche fondamentale. Mais elle ne s’arrête pas là », a déclaré Henry Bolton, un ancien militaire totalement inconnu qui a été élu en remplacement du dirigeant démissionnaire Paul Nuttall. Soulignant que la première ministre, Theresa May, a échoué jusqu’à présent à mettre en œuvre le choix des Britanniques de sortir de l’Union, M. Bolton 54 ans, adoubé par Nigel Farage, a réclamé « le droit à l’autodétermination » et la fin des décisions prises à l’étranger pour les Britanniques.

1,8 % aux législatives de 2017

M. Nuttall avait tenté de repositionner le UKIP sur une base anti-musulmane, prônant l’interdiction du voile intégrale alors que le pays se caractérise par une grande tolérance à l’égard du port des signes religieux. Mais ses maladresses et ses mensonges ont contribué à faire plonger électoralement le parti. Alors que le charismatique Nigel Farage avait hissé le UKIP au rang de vainqueur des élections européennes de 2014 et recueilli 12,6 % des voix aux législatives de 2015, son score est retombé à 1,8 % lors du scrutin de juin.

M. Nuttall avait alors jeté l’éponge, confirmant l’état de déliquescence du parti. Son unique député à Westminster a démissionné et ses 20 députés européens, dont certains sont impliqués dans un scandale de financement sur l’argent européen, ne survivront pas au Brexit.

Un lion polémique

Bizarrement, pour le chef d’un parti « anti-establishment », Henry Bolton, élu vendredi, est un ancien libéral démocrate (proeuropéen) décoré de l’ordre de l’Empire britannique (équivalent de la Légion d’honneur). Ancien collaborateur de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) au Kosovo et en Macédoine, il considère l’islam comme « un problème » mais refuse de le mettre au centre du message du UKIP. Il a obtenu 29,9 % des voix des militants, contre 21,3 % à Anne-Marie Waters, qui aurait selon lui transformé le UKIP en « un parti nazi britannique ». Mme Waters, cofondatrice de la branche britannique du mouvement allemand anti-musulman Pegida, considère l’islam comme « diabolique ». Un ancien responsable du Parti national britannique (BNP, néofasciste) l’a épaulée dans sa campagne.

Dès son élection, avant même d’avoir éventuellement clarifié la ligne politique, M. Bolton doit faire face à une polémique inattendue : le lion aux canines acérées choisi comme nouvel emblème du UKIP (à la place du symbole « £ » de la livre sterling) ressemble au lion figurant sur le logo de la première division de football britannique. Les responsables de ce très populaire championnat se penchent sur une éventuelle entorse aux règles du copyright.