Crise des Rohingya : « Aung San Suu Kyi est dans une situation de faiblesse »
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Quatre-vingt-huit organisations non gouvernementales se sont associées, vendredi 29 septembre, pour dénoncer les « crimes contre l’humanité » dont est victime la minorité musulmane Rohingya en Birmanie. Fustigeant « les atrocités commises par les forces de sécurité birmanes », les ONG réclament que l’ONU impose un embargo sur les armes à destination de l’armée birmane.

« L’armée est responsable de déportations forcées, de meurtres, de viols et de persécutions des musulmans rohingya dans le nord de l’Etat de Rakhine (Arakan), causant d’innombrables morts et des déplacements de masse », note ainsi Human Rights Watch dans un communiqué publié mardi.

Ces ONG, parmi lesquelles figurent notamment Amnesty International, Asia Pacific Refugee Rights Network (APRRN) ou Burma Human Rights Network (BHRN), demandent à l’Assemblée générale de l’ONU d’adopter au plus tôt une résolution sur la Birmanie. Elles réclament aussi que le Conseil de sécurité étudie sérieusement l’imposition de sanctions ciblées contre les indidivus responsables de crimes ou d’abus graves à l’encontre de civils.

« En particulier, nous appelons tous les Etats à suspendre immédiatement leur aide et coopération militaires avec la Birmanie ».

Naufrage meurtrier

Nouvelle illustration de cet « enfer humanitaire » décrit par les ONG, au moins soixante Rohingya de Birmanie tentant de rejoindre le demi-million d’exilés au Bangladesh voisin ont disparu en mer, a déploré l’ONU. L’embarcation était partie mercredi soir d’un village côtier de l’Etat Rakhine, région épicentre des violences en Birmanie. Elle a coulé à quelques encablures de la terre ferme, victime de pluies de mousson torrentielles.

Evoquant ce nouveau drame, l’ONU a dénoncé un « cauchemar humanitaire » dans ce qui est devenu un des plus grands camps de réfugiés au monde. Les Rohingya, minorité apatride d’un million de personnes vivant en Birmanie, continuent d’affluer vers le Bangladesh, malgré les assurances de la Birmanie que les violences ont cessé et que de nombreux villages musulmans n’ont pas été incendiés.

Dans les camps côté Bangladesh, autorités et ONG sont débordées par la marée humaine. La police bangladaise a annoncé vendredi avoir empêché plus de 20 000 Rohingyas de franchir la frontière. / Gemunu Amarasinghe / AP

Dans les camps côté Bangladesh, autorités et ONG sont débordées par la marée humaine. La police bangladaise a annoncé vendredi avoir empêché plus de 20 000 Rohingya de franchir la frontière. La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge a alerté vendredi des risques sanitaires et d’épidémies, dont déjà des milliers de cas de diarrhées aiguës liées à des conditions d’hygiène désastreuses.

S’ajoute à cela le fait que ces exilés viennent d’une région parmi les plus pauvres de Birmanie et arrivent dans un état de grande fragilité physique : un sur cinq souffre de malnutrition sévère, a dénoncé vendredi le haut-commissariat aux réfugiés de l’ONU.

Un accès humanitaire réclamé

Malgré cette situation critique, la communauté internationale peine à s’entendre pour esquisser une sortie de crise. Jeudi, le Conseil de sécurité de l’ONU a tenu sa première réunion publique sur la Birmanie depuis le déclenchement, à la fin du mois d’août, de l’exode vers le Bangladesh de plusieurs centaines de milliers de Rohingya fuyant une vaste opération militaire de l’armée birmane dans l’Etat Rakhine. Le secrétaire général de l’Organisation des nations unies, Antonio Guterres, a réclamé à la Birmanie l’arrêt de cette opération, un accès humanitaire sans entrave à l’ouest du pays et le retour des exilés dans leurs zones d’origine.

Le Conseil a également prolongé de six mois le mandat de la mission d’établissement des faits en Birmanie, chargée d’enquêter sur les violations et autres abus commis dans ce pays, en particulier dans l’Etat Rakhine. La Chine s’est « dissociée » de la résolution, mais elle n’a toutefois pas appelé à ce que le texte fasse l’objet d’un vote.

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