Le "globe", projet de Jean-Christophe Fromantin (LR) pour l'Exposition universelle 2025. Un « village global » construit autour d’un « globe connecté qui accueillerait de façon équitable tous les pays », en Ile-de-France. / Sensual City Studio

Abondance de grands événements ne nuit pas. Après avoir décroché les JO de 2024, la France espère accueillir l’Exposition universelle de 2025. Le dossier de candidature a été remis jeudi 28 septembre au siège du Bureau international des expositions (BIE), à Paris. Un pavé de quelque 600 pages préfacé par Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat ne s’est pas contenté d’apposer son sceau présidentiel sur le document. Il défend ouvertement le projet depuis 2015. « A Bercy, il était plus sensible à l’Expo qu’aux JO », se souvient Gaspard Gantzer, ex-conseiller chargé de la communication de François Hollande à l’Elysée.

A l’origine de la candidature, en 2012, Jean-Christophe Fromantin, maire (divers droite) de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), a actionné suffisamment de relais parmi les parlementaires et enrôlé assez de grands patrons dans un tour de table financier pour que M. Macron apporte son soutien à l’entreprise.

En 2015, M. Macron a obtenu qu’un de ses proches, Pascal Lamy, soit nommé délégué interministériel chargé du dossier. L’ex-patron de l’Organisation mondiale du commerce a réussi à mettre tous les acteurs politiques autour de la table en surmontant les préventions d’Anne Hidalgo envers le projet initial porté par M. Fromantin.

La maire PS de Paris s’est résolue à se rallier après avoir obtenu que la thématique de l’Exposition fasse référence aux accords de la COP21 sur le climat qui, signés en décembre 2015 à Paris, fêteront alors leurs dix ans. Le thème qui figure dans le dossier est donc devenu « la connaissance à partager, la planète à protéger ».

Un immense globe fera fonction de « tour Eiffel du XXIe » siècle

Si la candidature tricolore est retenue au terme d’un vote des 193 pays membre du BIE en novembre 2018, l’Exposition se déroulera du 1er mai au 31 octobre 2025 sur le plateau de Saclay (Essonne). Au centre d’un terrain de 110 hectares, un immense globe fera fonction de « tour Eiffel du XXI», résume M. Lamy.

A l’intérieur, les visiteurs pourront réaliser un tour du monde virtuel grâce à des technologies digitales. Le globe sera installé au sein d’un « village global » où les pays participants disposeront d’un pavillon ou d’un « espace modulaire » que les plus pauvres pourront se voir financé.

La plupart des dix-sept métropoles françaises organiseront parallèlement des manifestations en lien avec le thème de l’Exposition. « Ce sera la première exposition universelle du XXIe siècle parce qu’elle rompt avec le schéma ancien des pavillons et qu’elle sera décentralisée », se félicite M. Fromantin.

3,5 milliards d’euros

Le coût global de l’Exposition est estimé à 3,5 milliards d’euros. Le modèle économique a été conçu pour éviter tout financement public hormis une contribution des collectivités locales à l’aménagement du site de Saclay. Les dépenses seront couvertes par les recettes de billetterie, des sponsors, et par des investisseurs privés qui pourront si nécessaire recourir à l’emprunt.

L’aménagement du site – dont la réalisation du globe – devrait coûter 1 milliard d’euros. Il sera confié à un concessionnaire. Pour que son investissement de départ soit rentabilisé, il aura la possibilité de l’exploiter pendant cinquante ans.

L’Exposition sera une réussite si l’objectif des 40 millions de visiteurs est atteint,.M. Lamy voit dans les JO un levier pour y parvenir : « Des milliards de téléspectateurs vont regarder les Jeux à la télé. Cela leur donnera envie de venir visiter la France d’autant qu’on fera au même moment de la pub dans les médias pour l’Expo », anticipe l’ancien commissaire européen.

Autre enchaînement providentiel du calendrier : l’Etat sera tenu de livrer pour les JO les futures lignes du métro Grand Paris Express prévues dans le dossier olympique. Le renforcement du réseau de transport promis dans le dossier de l’Exposition en 2025 est assuré.

Même si le gouvernement envisage de renoncer à certains tronçons du nouveau métro, « nous avons obtenu l’engagement que la partie de la ligne 18 entre Orly et Saclay sera bien réalisée », confie François Durovray, président (Les Républicains) du conseil départemental. Face à la France, trois autres pays sont en lice : le Japon, l’Azerbaïdjan et la Russie.