La façade sud de l’Institut du monde arabe (IMA) à Paris avec ses célèbres moucharabiehs. / NICOLAS KRIEF POUR « LE MONDE »

Un réveil après un long sommeil. C’est ce qu’éprouveront, vendredi 29 septembre à partir de 20 heures et jusqu’à 23 heures, les Parisiens et les visiteurs de la capitale invités à fêter, sur le parvis de l’Institut du monde arabe (IMA), dans le 5e arrondissement, les 30 ans de l’établissement. Avec, dans le rôle du prince chargé de secouer la belle façade endormie, le producteur de shows électros Romain Pissenem.

C’est cet homme fluet de 39 ans, en jean et veste à capuche, connu pour ses créations son et lumière, à Ibiza notamment, qui a été chargé d’illuminer, à l’occasion de la soirée anniversaire, les 240 moucharabiehs recouvrant la façade sud du bâtiment imaginé par Jean Nouvel et le groupe Architecture Studio. Le producteur sera accompagné d’une équipe de DJ et du collectif Arabic Sound System, qui intervient depuis quatre ans comme curateur de musique électronique du monde arabe à l’IMA.

Romain Pissenem a été chargé d’illuminer, à l’occasion de la soirée anniversaire, les 240 moucharabiehs recouvrant la façade sud du bâtiment. / NICOLAS KRIEF POUR « LE MONDE »

Fierté et originalité (coûteuse) du lieu lors de son inauguration, en 1987, par François Mitterrand, cette immense mosaïque de 2000 m2, composée de quadrilatères d’1,8 m de côté en alliage d’aluminium aéronautique, acier et bronze, percés chacun d’une multitude d’œilletons censés s’ouvrir et se fermer en fonction des mouvements du soleil, avait rapidement rencontré des difficultés de fonctionnement. Avant de se figer définitivement. Pour marquer les 30 ans de l’IMA, son président, Jack Lang – qui était présent en tant que minsitre de la culture lors de l’inauguration –, a pris la décision de remettre en route le système très sophistiqué commandant les jeux de lumière, qui avait fini par se gripper.

« Un travail d’horlogerie »

Un appel à projets avait été lancé pour ce lourd investissement – évalué à trois millions et demi d’euros, financés par l’Arabie saoudite et le Qatar indique l’IMA –, remporté par la société DVDV. « On a fait un travail d’horlogerie », résume l’architecte Daniel Vaniche, responsable de la rénovation des moucharabiehs mais aussi de la bibliothèque et du parvis. Il a fallu nettoyer pièce par pièce, réparer les diaphragmes usés par les frottements, introduire des éléments autolubrifiés, repenser le pilotage automatique.

Les moucharabiehs de l’Institut du monde arabe (IMA) vus de l’intérieur du bâtiment. / NICOLAS KRIEF POUR « LE MONDE »

Pour sublimer la remise à neuf de cette extraordianire mécanique de précision, Romain Pissenem a eu l’idée d’équiper les moucharabiehs de LED – quatre kilomètres pour toute la façade – afin de pouvoir donner libre cours à sa fantaisie d’artiste de la lumière. Pour la soirée anniversaire, il a prévu de faire danser sur la façade, inscrits en lumières blanches, jaunes, rouges et le bleues, des mots en relation avec ce lieu de culture, en français, en anglais, mais aussi en arabe, écriture tout en sinuosités.

Les illuminations pour fêter les 30 ans de l’Institut du monde arabe (IMA) à Paris. / NICOLAS KRIEF POUR « LE MONDE »

Une gageure sur une surface ne permettant que les graphies géométriques. « Mais j’aime les défis, c’est ce qui me porte », s’enthousiasmait-il lors des répétitions, jeudi 28 septembre. Vendredi soir, les lumières pulseront au rythme des sets des DJ mais les soirs suivants, la façade s’illuminera silencieusement à partir de 20 heures, comme un clin d’œil à la Tour Eiffel qui balaie de son faisceau, chaque heure de la nuit, le ciel parisien.

Institut du monde arabe (IMA), 1, rue des Fossés Saint-Bernard, Paris 5e. Vendredi 29 septembre à partir de 20 heures. Entrée libre. www.imarabe.org