L’ancien conseiller de François Hollande Faouzi Lamdaoui (à droite), le 5 octobre 2015 au palais de justice de Paris pour son procès en première instance. / THOMAS SAMSON / AFP

Entendre Faouzi Lamdaoui, l’ex-conseiller égalité et diversité de François Hollande à l’Elysée, s’expliquer sur la manière dont il a fait fortune dans le transport de pellicules photos entre 2006 et 2008, à l’heure où l’argentique vivait ses dernières heures, n’est décidément pas chose facile. Le procès en appel pour lequel il comparaissait mercredi 27 et jeudi 28 septembre, à Paris, notamment pour « faux », « usage de faux » et « abus de biens sociaux », avait été reporté une première fois cet hiver car les notes d’audience avaient mystérieusement disparu. En première instance en 2015, toute la procédure avait été annulée pour vice de forme. Le parquet avait fait appel.

Devant le tribunal, l’homme n’est pas très à l’aise malgré son costume sombre bien taillé et ses grandes lunettes. Sur les raisons pour lesquelles il aurait utilisé l’identité de Naïma Addoun, ex-Mme Belaïd, la femme d’un militant socialiste d’Argenteuil (Val-d’Oise), sans son accord, pour créer une société de transport, il n’a pas très envie de s’étendre. Une histoire de couple entre M. et Mme Belaïd, suggère-t-il, ce qui a le don d’irriter ces deux derniers, présents dans la salle. « Comment M. Lamdaoui a-t-il pu avoir la copie de la carte d’identité de Mme Addoun ?, interroge l’avocate de cette dernière. Si c’était son mari qui avait choisi de signer les documents, comme M. Lamdaoui le dit, pourquoi faire figurer le nom de jeune fille de sa femme et son ancienne adresse [celle qui figure sur la carte d’identité], et non pas la leur à Argenteuil ? »

Explications confuses

La cour passe rapidement sur cette question. Les raisons pour lesquelles M. Lamdaoui a reçu des sommes si importantes – 173 000 euros en 2007, 134 000 euros en 2008 – de cette société Alpha Distribution, dont il prétend n’avoir été que le responsable commercial, l’intéressent davantage. De même que ces 152 000 euros versés sur le compte de son frère en treize chèques qu’il a lui-même endossés. Les explications de M. Lamdaoui sont aussi confuses qu’inaudibles, ce qui agace tout le monde : la présidente – « Finissez vos phrases », ses conseillers – « Je ne comprends pas ce que vous répondez. » Même la greffière s’en mêle.

Dans ses réquisitions, l’avocat général demande la relaxe pour le « faux et usage de faux » (la signature). Il requiert en revanche un an de prison avec sursis, 15 000 euros d’amende, et l’interdiction définitive de gérer une société à l’encontre de Faouzi Lamdaoui, lequel gagne aujourd’hui 10 000 euros par mois comme chargé de développement à l’international chez Veolia. Les plaidoiries de la défense auront lieu le 19 octobre.