Gervais Martel, ici en 2014, a mené le Racing Club de Lens au sommet du football français.

« Il a fait son temps et apporté beaucoup au club. Mais au bout d’un moment il faut savoir partir. Il va se tuer au foot, à force il va y rester. » Au comptoir de la « friterie Momo », à côté du stade Félix Bollaert, juste avant le match contre Ajaccio vendredi 29 septembre, Vivien, supporteur du RC Lens ne pensait pas que ses remarques sur Gervais Martel deviendraient réalité si rapidement.

En difficulté en Ligue 2, le Racing Club de Lens a annoncé samedi, au lendemain de sa seconde victoire en championnat, la nomination d’Eric Roy au poste de directeur sportif, et le départ de Gervais Martel, l’historique président du club artésien, de son poste de PDG du club.

Pour la seconde fois depuis son entrée dans le club, voici trente ans, Martel, 62 ans, n’est plus président du club qu’il a accompagné jusqu’au titre de champion de France, en 1998. En 2012, il avait déjà laissé la main alors que Lens était repris, avant de faire son retour un an plus tard. Moins influent depuis plusieurs mois, l’emblématique président ne sera plus dans l’exécutif mais reste à la tête du Conseil d’administration du club, en pleins remous depuis le début de la saison.

Une entrée en matière sportive catastrophique a été fatale à Alain Casanova. L’entraîneur est passé en quelques mois de quasi-sauveur à paria, critiqué pour sa communication tiède et le niveau de jeu indigent affiché par les Artésiens.

Après quatre journées et autant de défaites, le Corse a dû céder sa place sur le banc à un historique de Bollaert : Eric Sikora. L’ancien défenseur, recordman du nombre de matchs disputés sous le maillot « Sang et or » et artisan de l’unique titre de champion de France du club, glané en 1998, fait figure de candidat idéal pour éteindre l’incendie. Né à Courrières (Pas-de-Calais), l’ancien international espoir peut se targuer de l’étiquette du « gars du coin » et d’une popularité intacte chez les supporters.

Fin de règne et nouvelle gestion

Deuxième victime du bilan comptable famélique du club, Jocelyn Blanchard, directeur sportif depuis plus de quatre ans, a pris la porte fin septembre. Le secteur sportif du club a depuis été confié à Eric Roy, coach de l’OGC Nice en 2011, devenu depuis consultant pour la télévision. Un changement acté par un communiqué lapidaire du club samedi, qui annonçait dans le même temps le départ de Gervais Martel, grand commandeur du RCL depuis 30 ans.

Une fin de règne pour celui qui aura porté Lens au sommet du football français. Arnaud Pouille, directeur général, devient le nouvel homme de confiance de Joseph Oughourlian, patron du groupe luxembourgeois Solférino, désormais actionnaire majoritaire du club. Communication sans fioritures et organigramme façon grande entreprise : la méthode imposée par les nouveaux dirigeants se veut performative.

Après les tergiversations et promesses non tenues de l’Azéri Hafiz Mammadov, propriétaire entre 2013 et 2016, Solférino, associé à l’Atletico Madrid pour le rachat du Racing en 2016, a mis un point d’honneur à consolider la situation sportive et financière du RCL. Avec le retour en Ligue 1 pour impératif.