Une femme dans sa maison détruite par l’ouragan Maria, le 28 septembre à Porto Rico. / HECTOR RETAMAL / AFP

L’ouragan Maria est une « histoire de gens qui meurent », a affirmé vendredi 29 septembre la maire de San Juan, Carmen Yulin Cruz, pour répondre à l’administration américaine qui s’est félicitée du « succès » de la gestion des premiers secours à Porto Rico.

Le président américain Donald Trump, qui doit se rendre mardi sur l’île, a de nouveau défendu l’action de son gouvernement, soulignant l’ampleur des dégâts. « Nous n’avons jamais vu une telle situation (...). Nous repartons littéralement de zéro », a lancé M. Trump lors d’un discours vendredi. Le gouvernement a levé des restrictions sur l’acheminement maritime des secours qui doit permettre d’accélérer les opérations, placées sous le commandement d’un militaire, le général Jeff Buchanan. Près de 4 500 soldats ont été déployés sur l’île. L’armée va notamment déployer des hélicoptères et des hôpitaux mobiles, a indiqué vendredi le général Buchanan. « Nous apportons plus de logistique pour aider à organiser les opérations et la distribution », a-t-il dit lors d’un point-presse.

Les détracteurs du président Trump l’accusent de négliger ce territoire américain où la distribution de l’aide serait ralentie par un manque de coordination au sein des services de secours.

Alerte aux inondations

Certains rappellent que les 3,4 millions d’habitants de Porto Rico sont citoyens américains, sans disposer néanmoins du droit de vote à l’élection présidentielle.

Maria a causé des dégâts immenses sur les infrastructures, avec notamment l’eau, l’électricité et les télécommunications totalement coupées pendant plusieurs jours. Les premières cargaisons d’aide – vivres, eau, carburant, générateurs – ne sont pas parvenues aussi vite que pour le Texas et la Floride, touchés respectivement par les ouragans Harvey et Irma fin août et début septembre.

Maria a fait au moins 16 morts, selon l’Agence fédérale de secours (Fema). La secrétaire à la Sécurité intérieure Elaine Duke a ajouté à la polémique en se disant jeudi « satisfaite » de l’action du gouvernement. « C’est vraiment une histoire de succès concernant notre capacité d’atteindre la population et concernant le petit nombre de morts lors de cet ouragan dévastateur », a-t-elle affirmé devant la presse à Washington.

A Porto Rico, la maire de la capitale s’est dite « en colère et frustrée » après cette « déclaration irresponsable ». « C’est peut-être une histoire de succès de là où elle est », a dit Carmen Yulin Cruz sur CNN. « Quand vous buvez l’eau d’une rivière (...), quand vous n’avez pas de nourriture pour votre bébé, ce n’est pas une histoire de succès (...). C’est une histoire de gens qui meurent ».

En visite sur l’île vendredi, Mme Duke a expliqué avoir évoqué la bonne coopération entre la population et les secours. « Je suis fière du travail qui est fait, je suis fière que des Américains aident des Américains », a-t-elle souligné lors d’une conférence de presse à San Juan.

Sur le terrain, l’acheminement de l’aide et les opérations de déblaiement des routes se poursuivaient pour désenclaver la région montagneuse du centre de l’île. Un bulletin d’alerte a par ailleurs été émis vendredi en raison de pluies attendues jusqu’à dimanche qui pourraient provoquer des inondations.

« C’est lent »

Neuf jours après la catastrophe, seul 4,5 % du réseau électrique était vendredi en état de marche, et la moitié de la population a désormais accès à l’eau courante. Une dizaine d’hôpitaux sont à présent en état de fonctionner autour de San Juan, a expliqué Ricardo Ramos, patron de l’Autorité locale pour l’électricité. Selon lui, environ 4 000 électriciens s’activent pour réparer le réseau et un millier d’autres devraient arriver en fin de semaine.

Les autorités ne cachent pourtant pas leurs difficultés. « Il y a beaucoup de travail. Nous devons augmenter le rythme des livraisons et améliorer notre logistique », a dit Ricardo Rossello, gouverneur de Porto Rico sur CNN.

Un responsable de la Fema, Daniel Kaniewski, a démenti le blocage de quelque 3 000 conteneurs d’aide dans le port de San Juan en raison de désaccords sur leur distribution, comme l’avait pourtant affirmé la mairie. « Les conteneurs de marchandises de la Fema vont être et sont reçus par les centres régionaux de distribution, où ils sont redistribués aux municipalités », a-t-il affirmé sur CNN. « C’est lent, pas aussi rapide que nous le voudrions, a-t-il admis. Nous souhaiterions une amélioration significative des opérations avec davantage de personnel militaire et civil sur le terrain ».