Bodo Mende et Karl Kreile sont devenus, dimanche 1er octobre, les premiers homosexuels à se marier à Berlin, se réjouissant que les couples gays et lesbiens ne soient dorénavant plus des « unions de seconde classe ».

L’instauration du mariage pour tous et l’ouverture de l’adoption aux homosexuels se seront effectués en Allemagne sans grands remous, la société et la classe politique y étant largement favorables.

« Cela ne change pas grand-chose pour nous, car nous n’adopterons pas d’enfant, mais c’est hautement symbolique : nous sommes à présent un couple comme un autre », explique tout sourire et une coupe de champagne à la main Karl Kreile, 59 ans à la mairie du quartier de Schöneberg.

« C’est un beau pas en avant, mais l’Etat doit à présent poursuivre la lutte contre l’homophobie et la transphobie, mais également sur le plan international œuvrer à la fin de la pénalisation de l’homosexualité », abonde son compagnon Bodo Mende, après avoir goûté une part de gâteau arc-en-ciel.

Les premiers mariés homosexuels d’Allemagne partagent leur gateau avec leurs témoins, le 1er octobre à Berlin. / ODD ANDERSEN / AFP

Le couple, fervent militant du « mariage pour tous », était déjà l’un des premiers à souscrire à une union civile en 2002. Dimanche a beau être un jour chômé, plusieurs mairies dont celles de Berlin, Hambourg et Francfort, ont décidé de célébrer des unions dès le 1er octobre, date d’entrée en vigueur de la loi.

La surprenante annonce de Merkel

La loi sur le « mariage pour tous », votée le 30 juin, a modifié le code civil, en définissant le mariage comme « une union pour la vie entre deux personnes de sexe différent ou identique ». L’Allemagne est ainsi devenu le 15e pays européen à élargir le mariage à cette définition.

Concrètement, les couples homosexuels qui souhaiteront sceller leur union bénéficieront des mêmes droits que les couples hétérosexuels : en termes d’impôts mais surtout en leur ouvrant la possibilité d’adopter un enfant.

Aujourd’hui, les Allemands sont à plus de 75 % favorables au mariage homosexuel, selon les sondages. La chancelière allemande, Angela Merkel, a longtemps traîné des pieds sur la question pour ne pas brusquer la branche la plus conservatrice de sa famille politique, le parti chrétien-social bavarois CSU, très à cheval sur la défense des valeurs familiales traditionnelles.

L’approche des élections législatives de septembre a précipité les choses. A la surprise générale en juin, Mme Merkel admet qu’il fallait ouvrir le débat. Quelques jours plus tard, les députés – Verts, SPD, gauche radicale et quelques conservateurs – votaient le « mariage pour tous » à l’initiative des groupes parlementaires de gauche.

Si Mme Merkel a voté contre, elle n’a pas empêché le vote du texte et laissé libres les élus de son camp, privant au passage, en pleine campagne pour les législatives, les sociaux-démocrates d’un thème porteur. « C’était un calcul politique. Merci, mais ça arrive juste vingt-cinq ans trop tard », lâche Bodo Mende.