Documentaire sur Arte à 23 h 05

Les dessins d'Yves Saint Laurent - bande-annonce - ARTE
Durée : 00:16

Ils sont assis devant une table, gantés de blanc, dans les somptueux locaux parisiens de la Fondation Pierre-Bergé - Yves-Saint-Laurent et du Musée Yves-Saint-Laurent : M. Jean-Pierre et Mme Catherine, premiers d’atelier historiques, d’anciens collaborateurs ainsi que Laurence Benaïm, auteure de plusieurs livres sur le grand couturier français, et Olivier Saillard, historien de la mode.

Alors qu’ils s’apprêtent à voir des croquis et dessins inédits retrouvés au cours de l’inventaire du fonds de la maison de couture Yves Saint Laurent, on les devine émus, ébaubis d’avance – à l’exception de Pierre Bergé, récemment disparu, dont il s’agit d’une des dernières interventions filmées.

Le gardien du temple et de la mémoire, fidèle à son aimable rudesse, ne prend pas de gants (au propre comme au figuré : c’est le seul à manipuler ces incunables à main nue) et se garde d’une imparable émotion. Si larme il y eut, elle se versa hors caméra.

Collection haute couture automne-hiver 1976 / © Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent, Paris

Ces dessins sont les croquis que le couturier réalisa, de 1962 (année de lancement de la première collection à son nom) à 2002 (année d’une dernière parade en forme de rétrospective au Centre Georges-Pompidou), les consignant sur de grands bristols accompagnés d’échantillons de tissus.

Tout y est : l’allure, la coupe, les proportions mais aussi la matière qu’on peut déduire du trait de crayon. Les premiers d’atelier commentent ces splendeurs si sûres et exactes qui leur ont servi pour modéliser les tenues des deux collections annuelles de haute couture.

Une rare maturité

Pierre Bergé et les autres intervenants découvrent aussi des dessins d’enfance et d’adolescence qui les laissent sans voix tant ils témoignent une rare maturité. Ainsi que de splendides gouaches pour des costumes de théâtre et de music-hall.

Ce documentaire de Loïc Prigent est un bijou. Le journaliste et réalisateur, fine mouche, sait lancer de petits Scud interrogatifs auxquels Pierre Bergé réagit de manière faussement irritée. Laurence Benaïm dit que ces dessins sont « la vie même ». La manipulation électronique les anime d’ailleurs : on croirait voir les mannequins défiler.

Devant les nuages de plumes savamment architecturés pour la danseuse Zizi Jeanmaire, Olivier Saillard dit la chose la plus jolie et juste qui soit de cette sophistication faite naturelle : « Ce sont des émulsions de vêtements. »

Les Dessins d’Yves Saint Laurent, de Loïc Prigent (France, 2017, 59 min).