Les autorités de santé estiment à plus de 9 000 le nombre de signalements pour effets indésirables visant la nouvelle formule du Levothyrox, commercialisée depuis mars. / JACQUES DEMARTHON / AFP

A la suite de nombreuses plaintes concernant des effets secondaires de sa nouvelle formule, l’ancien Levothyrox a fait son retour lundi 2 octobre dans les pharmacies. Mais le nombre limité de boîtes mis sur le marché fait déjà craindre un risque de pénurie.

Importée d’Allemagne, l’ancienne formule de ce médicament pour la thyroïde est disponible depuis lundi sous le nom d’Euthyrox. Fabriqué par le laboratoire Merck, comme le Levothyrox, l’Euthyrox sera disponible « pour une durée et des quantités limitées [130 000 boîtes de 100 comprimés en 8 dosages différents] » pour les 22 000 pharmacies de France, a fait savoir l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).

Selon l’Agence, les médecins ne doivent donc prescrire l’Euthyrox qu’en « dernier recours », aux patients qui se plaignent d’effets secondaires (crampes, maux de tête, vertiges, perte de cheveux) liés au nouveau Levothyrox. Mais, dit Dominique Martin, directeur général de l’ANSM, « nous avons des remontées qui montrent que ce n’est pas forcément ce qui se passe ».

« Repousser le problème à plus tard »

L’ANSM a fait parvenir lundi matin un document d’information aux professionnels de santé. Ce document dit que les ordonnances doivent impérativement mentionner le nom « Euthyrox » et être postérieures au 14 septembre pour rendre possible la délivrance de ce médicament.

Les autorités de santé estiment à plus de 9 000 le nombre de signalements pour effets indésirables visant la nouvelle formule du Levothyrox, commercialisée depuis mars.

Au total, trois millions de patients prennent du Levothyrox en France (premier marché mondial) pour soigner une hypothyroïdie ou après une opération de cancer de la thyroïde.

Chantal L’Hoir, présidente de l’Association française des malades de la thyroïde (AFMT), estime que « les pharmaciens n’ont pas assez de boîtes ». Elle critique également « le caractère temporaire de cette remise à disposition de l’ancienne formule ». Une pétition lancée cet été revendique 294 500 signatures. Plusieurs procédures judiciaires sont par ailleurs en cours.

Pour Alain Delgutte, de l’Ordre des pharmaciens, la mise à disposition temporaire de l’Euthyrox équivaut à « repousser le problème à plus tard », puisque « tôt ou tard, cette formule sera supprimée ».

Plusieurs médicaments alternatifs

Merck entend en effet généraliser le recours à la nouvelle formule. La France est le premier pays où elle a été introduite, mais le laboratoire avait dit au début de septembre que des procédures d’homologation étaient en cours ailleurs.

La nouvelle formule du Levothyrox a été réclamée par l’ANSM au laboratoire en 2012 afin, selon elle, de rendre le produit plus stable. Le changement de formule ne porte pas sur le principe actif mais sur d’autres substances, les excipients.

Face à la colère de patients signalant des effets secondaires, la ministre de la santé, Agnès Buzyn, avait annoncé le 15 septembre le retour en pharmacie sous quinze jours de l’ancienne formule du Levothyrox et de médicaments alternatifs sous un mois.

Selon l’ANSM, un autre médicament, le L-Thyroxin Henning (laboratoire Sanofi), sera disponible à partir de la mi-octobre. Un médicament sous forme de gouttes, la L-Thyroxine (laboratoire Serb), existe également, mais il est prescrit en priorité aux enfants et aux personnes qui ont des troubles de la déglutition.

Enfin, le directeur général de l’ANSM a annoncé lundi que l’arrivée d’un autre médicament équivalent était étudiée pour novembre : « C’est un médicament utilisé dans un pays européen, qui n’a pas les mêmes excipients » que la nouvelle formule du Levothyrox.