Un boulanger prépare du pain sur un stand au salon Europain à Villepinte, près de Paris, le 7 février 2016. / ALAIN JOCARD / AFP

Alors que s’est ouverte, lundi 2 octobre, la semaine du sans gluten en France, le professeur Christophe Cellier, gastro-entérologue à l’hôpital européen Georges-Pompidou, à Paris, et président du Groupe d’étude et de recherche sur la maladie cœliaque, revient sur cette maladie, dont les personnes qui en sont atteintes sont intolérantes au gluten.

De quoi souffrent les personnes intolérantes au gluten ?

La maladie cœliaque est une maladie auto-immune : les patients développent des anticorps qui agissent contre leur propre intestin grêle, plus précisément contre les villosités qui recouvrent sa paroi. Celui-ci s’atrophie, devient plus lisse et absorbe moins bien les éléments nutritifs (minéraux, vitamines, etc.). La maladie est favorisée par des prédispositions génétiques.

En France et dans le monde, on estime que 0,5 % à 2 % de la population générale est concernée. Mais seuls 20 % des intolérants au gluten sont diagnostiqués car les symptômes sont souvent minimes au début de la maladie. Diarrhées, amaigrissement, maux de ventre, anémie… Il faut compter parfois plus de dix ans entre la survenue de ces symptômes et le moment où la maladie est détectée.

Comment détecter l’intolérance au gluten ?

Des tests sanguins existent. Nous vérifions le dosage d’anticorps anti-transglutaminase. S’il est très élevé, c’est très évocateur de la maladie. En cas de test positif, le diagnostic est confirmé par coloscopie [examen permettant d’étudier la paroi interne du côlon] et des prélèvements à l’entrée de l’intestin grêle, qui montrent une éventuelle atrophie. Un bilan repère les carences possibles.

Le patient débute alors un régime sans gluten, le seul traitement validé. Mais c’est un régime complexe, parfois coûteux, difficile à suivre correctement lors de voyages ou dans les cantines scolaires par exemple. Il n’existe aucun médicament miracle, au grand dam des patients. Plusieurs pistes de recherches sont explorées, cependant. Un essai a eu lieu par exemple avec des enzymes pour développer une tolérance orale, un peu comme une vaccination, ou encore sur des anticorps monoclonaux, efficaces dans la maladie de Crohn.

Pour les personnes qui ne sont pas malades, quels sont les bénéfices, ou les dommages éventuels sur la santé, d’un tel régime ?

C’est actuellement une mode importante, prônée comme un mode de vie bénéfique, qui pourrait être efficace pour lutter contre des maux de ventre par exemple. Mais aucun bénéfice clair n’a été démontré pour lutter contre d’autres maladies que la maladie cœliaque, pas même pour les sportifs, malgré la tendance lancée par le tennisman Novak Djokovic.

A priori, il n’y a pas de danger à suivre ce régime. Une étude épidémiologique publiée récemment dans le British Medical Journal par des chercheurs de l’université Columbia montre peut-être un léger risque supplémentaire de maladie cardiovasculaire. Mais le problème se trouve dans l’excès, ce qu’on appelle l’orthorexie [l’obsession de manger sainement] : certaines personnes finissent par adopter des régimes très restrictifs, sans gluten, puis sans lait, etc., qui peuvent se révéler dangereux.