Une moue et une phrase assassine. « Franchement on est obligés de supporter ça ? » Jean-Luc Mélenchon s’en était vivement pris à la présence du drapeau européen dans l’hémicycle dès son arrivée au Palais Bourbon en juin. A l’époque déjà, sa sortie avait suscité un tollé, après une campagne où il avait brandi la menace d’une sortie de l’Union européenne s’il arrivait au pouvoir.

Rebelote, mardi 3 octobre, quand ont été dévoilés les amendements déposés par le groupe La France insoumise (LFI) à un texte modifiant le règlement de l’Assemblée nationale. L’un d’eux propose que « seuls [puissent] être présents dans l’hémicycle le drapeau tricolore de la République française (…) et le drapeau de l’Organisation des Nations unies. »

« On est dans un cycle où l’Union européenne a une attitude brutale, notamment par rapport à la Grèce, explique le député (LFI) Ugo Bernalicis. L’ONU nous semble plus à l’image que l’on se fait d’une coopération efficace et respectueuse de la souveraineté de chaque pays. » « Dans cet hémicycle, nous votons les lois de la République et il faut s’en tenir à cela », a-t-il défendu en commission sous la bronca de ses collègues.

Soutien de députés FN

« Les masques sont tombés, s’est indigné le député (MoDem) Erwan Balanant. Les Français savent maintenant que La France insoumise n’aime pas l’Europe. » « Je me demande si M. Mélenchon était si dérangé [par le drapeau] quand il envoyait ses fiches de paie au Parlement européen » lorsqu’il y était député entre 2009 et 2017, a renchéri Sacha Houlié, député La République en marche. « Je suis très fière de siéger devant ces deux drapeaux », a abondé la présidente de la commission des lois, Yaël Braun-Pivet, sous les applaudissements des autres députés qui ont rejeté l’amendement.

« C’est pour faire parler et ça marche », observait le député communiste Fabien Roussel. Le sujet a été d’autant plus relayé que les « insoumis » ont reçu sur ce sujet le soutien de députés du Front national, qui en revendiquent même la paternité. « Ils ont raison, je pense qu’on va voter leur amendement », a affirmé sur LCI, le député FN Louis Aliot.

« Les travaux d’un Parlement national se font sous les couleurs du drapeau national et non du drapeau européen, juge à son tour le frontiste Sébastien Chenu. Peu importe de qui vient la résolution, je ne soutiens pas Mélenchon mais son initiative est visiblement inspirée de nous. »

Mal à l’aise, la plupart des députés LFI se faisaient très discrets sur la question mercredi après-midi. Préférant amplement orienter leur discours vers leurs autres propositions d’amendement. Le débat devrait reprendre le 10 octobre lors du passage du texte dans l’hémicycle, et devant le drapeau européen.