Anne Hidalgo, maire de Paris, à l’Elysée, le 15 septembre. / CHARLES PLATIAU / REUTERS

C’est le second « gouvernement » d’Anne Hidalgo. Alors que la maire de Paris aborde la seconde partie de son mandat, elle a soumis aux élus du Conseil de Paris, vendredi 6 octobre, la nouvelle composition de son exécutif. L’exercice s’imposait après la démission de deux adjoints, Julien Bargeton (finances) et Bernard Jomier (santé). Tous deux, élus sénateurs le 24 septembre, ne font plus désormais partie de l’exécutif conformément à la loi sur le cumul des mandats.

Mais Mme Hidalgo a veillé à ce que ce remaniement technique soit l’occasion d’une démonstration de force politique. Après les scores records d’En marche ! à la présidentielle et aux législatives à Paris, il s’agissait pour elle de démontrer que son assise politique ne s’effrite pas. A l’image de son équipé issue des résultats des municipales de 2014, la nouvelle équipe va du Front de gauche au MoDem.

Pour que cette recomposition soit le reflet d’une majorité qu’elle veut « large », la maire de Paris a poussé les murs… La nouvelle équipe comporte 27 adjoints au lieu de 21 avec de nouveaux « portefeuilles ». Et pour préserver un équilibre politique entre les groupes de sa majorité, elle a veillé à un savant dosage dans les nominations.

Deux poids lourds du PS

Les adjoints socialistes sont plus nombreux. Parmi les entrants figure Patrick Bloche, député sortant, battu en juin. L’ancien patron de la fédération PS de Paris sous Bertrand Delanoë est chargé de l’éducation et de la petite enfance. Autre pilier du Conseil de Paris et proche d’Anne Hidalgo, Christophe Girard est chargé des ressources humaines. Ancien adjoint à la culture de M. Delanoë, avant d’être élu maire du 4e arrondissement, M. Girard succède à Emmanuel Grégoire. Patron de la fédération PS de Paris, M. Grégoire devient adjoint chargé des finances.

Outre ces deux poids lourds du PS, elle a nommé trois représentants de la nouvelle génération pour lesquels elle a créé trois postes. Afaf Gabelotaud, qui s’était présentée à la primaire interne du PS face à Myriam El Khomri pour les législatives dans le 18arrondissement, est chargée d’une nouvelle délégation à l’emploi. Véronique Levieux s’occupera du patrimoine. Et Nicolas Nordman des personnes handicapées.

Un portefeuille supplémentaire pour EELV

La mouvance social-démocrate du PS est bien représentée. L’aile gauche du parti est aussi plus visible. Outre Frédéric Hocquard qui prend du galon dans l’exécutif en étant nommé adjoint chargé de la vie nocturne, une autre proche de Benoît Hamon, Léa Filoche est nommée conseillère déléguée chargée de la solidarité.

Les écologistes sortent aussi confortés. Coprésidente du groupe écologiste, Anne Souyris (EELV) devient chargée de la santé en remplacement de Bernard Jomier qui avait quitté le groupe écologiste. Ils obtiennent un portefeuille supplémentaire. Galla Bridier, élue écologiste du 12e arrondissement s’occupera des personnes âgées.

Le PCF conserve le même nombre de délégations dont celle stratégique du logement attribuée à Ian Brossat. Quant à Jean-Bernard Bros, patron du PRG parisien, il redevient adjoint pour s’occuper des… sociétés d’économie mixte. Son entrée dans l’exécutif s’accompagne, en revanche, de la sortie d’une autre élue PRG Laurence Goldgrab.

« On assiste à un tripatouillage »

Comme dans l’équipe sortante, le nouvel exécutif comporte un ex-MoDem, Jean-François Martins, adjoint chargé des sports, et une chiraquienne historique, Dominique Versini qui conserve sa délégation à la lutte contre l’exclusion et à l’accueil des réfugiés. Mme Hidalgo a également confirmé à leur poste les deux adjoints qui ont soutenu Emmanuel Macron à la présidentielle : Jean-Louis Missika (urbanisme et Grand Paris) et Mao Peninou (propreté).

Si les orateurs des groupes politiques de la majorité se sont félicités vendredi de la nouvelle « affiche » municipale, les critiques de l’opposition n’ont pas manqué.

« On assiste à un tripatouillage avec une hausse vertigineuse des adjoints pour essayer que la majorité tienne jusqu’à la la fin du mandat », confiait Florence Berthout, présidente du groupe Les Républicains qui a refusé de participer au vote.

Le groupe UDI-MoDem s’est également abstenu. Son président, Eric Azière, a dépeint un exécutif « pesé au trébuchet des intérêts des groupes » qui n’a rien d’un « renouvellement vivifiant ».