Bora Kim, plus connu sous le pseudonyme de YellowStar, lors de la présentation du PSG eSports en octobre 2016. / PSG

Et si la traditionnelle crise automnale du Paris-Saint-Germain était désormais dévolue à sa structure e-sport ? A peine un an après sa création, le très médiatique PSG eSports a annoncé, jeudi 5 octobre, dans un communiqué son retrait – au moins provisoire – de la plus prestigieuse des scènes de sport électronique, celle du jeu vidéo League of Legends. En parallèle, Bora Kim, alias Yellowstar, plus grand palmarès de l’e-sport français, a démissionné de ses fonctions de directeur sportif de l’écurie francilienne.

Le PSG eSports a justifié ce choix par « de nombreuses incertitudes (…) sur l’avenir de League of Legends en Europe », incompatibles avec sa volonté de développer « une structure pérenne ».

« Les partages de revenus proposés par l’éditeur sont très loin de compenser les coûts d’une structure avec une ambition européenne, notamment à cause de la forte inflation des salaires des joueurs professionnels, injustifiée au regard de l’évolution des audiences des compétitions lors de ces derniers mois. »

Contexte de critique contre les LCS EU

Cela fait un an que plusieurs équipes européennes alertent sur le modèle économique précaire des participants aux championnats de League of Legends. « La plupart des équipes des LCS perdent de l’argent parce que les allocations stagnent, le sponsoring se rétracte et les coûts liés aux salaires des joueurs, à la production de contenus vidéo, à l’encadrement et au loyer s’enflamment », écrivait déjà en 2016 Andy Dinh, fondateur de l’équipe Team SoloMid, qui s’est depuis retirée du championnat européen.

Au début de septembre, H2K, l’une des quatre structures demi-finalistes, a annoncé dans un communiqué avoir pris la décision – révocable – de ne pas participer aux prochaines éditions du principal tournoi européen, sauf changement de politique de l’éditeur du jeu et organisateur de la compétition. « Riot doit fournir aux équipes des LCS EU des solutions réalistes pour gagner, à travers subsides et partages de revenus, au moins 850 000 euros par mois. »

Un discours repris par le PSG eSports pour justifier son retrait de la compétition, alors que les audiences plafonnent depuis un an et que d’autres structures ont déjà manifesté leur mécontentement. Selon le site ESPN, G2 Esports, Fnatic et Misfits, soit rien moins que le podium du dernier championnat d’Europe, auraient déjà déposé un dossier pour concourir dans la ligue américaine la saison prochaine. L’e-sport reposant sur des écuries privées internationales, il n’est pas rare de les voir déménager. « Ces candidatures, expliquait en septembre le site, sont, selon nos sources, le résultat du manque de communication sur l’avenir des European League Championship Series. Les équipes estiment qu’elles ont plus de visibilité pour investir dans la North American League of Legends. »

Résultats sportifs très décevants

Les observateurs de la scène e-sport restent néanmoins sceptiques sur l’explication officielle du club. Derrière l’argument financier, l’équipe League of Legends du PSG eSports semble surtout payer ses mauvais résultats. Créée à l’automne 2016, la structure s’était donnée pour objectif de se qualifier pour les European League of Legends Championship Series (LCS EU), la plus haute division continentale sur la discipline phare de l’e-sport. Objectif assumé : « renforcer le rayonnement international de notre marque en touchant de nouvelles audiences », rappelle le communiqué.

Or, non seulement le PSG eSports n’a pas réussi à atteindre l’élite, mais il a terminé à la dernière place des Challenger Series, l’équivalent de la seconde division européenne. Recruté pour mener la structure en LCS EU, Yellowstar, a reconnu dans un post Facebook une saison « pleine de défi mais décevante ». Ancien joueur de League of Legends, il a souhaité démissionner pour continuer à exercer sur la discipline qu’il affectionne le plus.

« Il y a plusieurs choses qui peuvent expliquer pourquoi nous avons échoué dans notre mission et je m’excuse vraiment auprès de tous les fans du Paris-Saint-Germain que nous avons pu décevoir. Vous méritez mieux et nous pouvions et aurions dû faire mieux. »

Tout n’est toutefois pas noir pour le PSG eSports, qui a connu des résultats positifs notables sur d’autres jeux sensiblement moins médiatiques. Lucas « DaXe » Cuillerier a notamment remporté le titre de champion du monde sur FIFA 17, tandis que la jeune équipe montée sur Rocket League, jeu de football fantaisiste entre voitures, est actuellement leader et invaincue des RLCS EU, ses championnats d’Europe.