Cécile Bourgeon, le 5 septembre 2016. / THIERRY ZOCCOLAN / AFP

Après un premier procès confus, la mère de Fiona et son ex-compagnon sont rejugés lundi 9 octobre en appel devant la cour d’assises de la Haute-Loire, pour tenter d’éclaircir le rôle de chacun dans la mort de la fillette.

Le 26 novembre 2016, la mère de la fillette, Cécile Bourgeon, 31 ans, avait été acquittée par la cour d’assises du Puy-de-Dôme, sous les huées de la foule, du chef de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.

En revanche, elle avait été condamnée à cinq ans de prison pour quatre délits, dont la « non-assistance à personne en danger » et la « dénonciation de crime imaginaire », pour avoir élaboré le scénario mensonger d’une disparition de Fiona, sa fille de 5 ans, dont le corps n’a jamais été retrouvé. Son ex-compagnon, Berkane Makhlouf, 36 ans, avait lui été condamné à vingt ans de réclusion criminelle pour l’ensemble des faits.

Le parquet général, qui avait requis pour les deux accusés la peine maximale – trente ans de réclusion – avait fait appel.

Le corps introuvable

L’affaire débute le dimanche 12 mai 2013, quand la jeune femme, alors âgée de 26 ans et enceinte de son troisième enfant, signale à la police la disparition de sa fille dans un parc de Clermont-Ferrand, pendant qu’elle faisait une sieste. La thèse de l’enlèvement est privilégiée. Devant les caméras, la mère, en larmes, lance un appel déchirant.

Mais les enquêteurs soupçonnent rapidement le couple, connu pour sa toxicomanie, et le placent sur écoute. Ils attendent l’accouchement de la jeune femme en septembre 2013 à Perpignan, où Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf ont déménagé, pour les réinterroger.

Ils avouent alors que Fiona est morte et qu’ils ont enterré son corps en bordure d’une forêt près du lac d’Aydat, à une vingtaine de kilomètres de Clermont-Ferrand. Mais tous deux se rejettent la faute et le lieu d’inhumation reste introuvable.

La mère accuse son compagnon d’avoir maltraité la fillette et assené des coups violents la veille du drame. Des allégations qu’il rejette en bloc, l’accusant à son tour d’avoir frappé Fiona. Le flou de leurs déclarations empêche les enquêteurs d’y voir clair. Tous deux sont renvoyés sans distinction devant les assises.

La défense pessimiste

A Riom, lors du premier procès, les débats s’enlisent. Poussée dans ses retranchements, Cécile Bourgeon perd plusieurs fois son sang-froid. Finalement, le verdict de la cour fait un choix entre les deux accusés, mais la disparition de Fiona reste entourée de mystère.

Au Puy-en-Velay, « ce sera le procès de la seconde chance pour qu’ils puissent nous expliquer ce qui s’est passé », estime l’un des avocats des parties civiles, Antoine Portal. « Qu’on arrête de nous balader, de nous manipuler (…). Fiona est morte de violences, c’est d’une évidence limpide, lance pour sa part Charles Fribourg, avocat du père de la fillette, Nicolas Chafoulais. On lui doit la vérité, lui expliquer comment Fiona est morte et où son corps a été jeté. »

Mais la défense est pessimiste. « Je ne suis pas certain que ce second procès puisse apporter des réponses supplémentaires », estime Renaud Portejoie, conseil de Cécile Bourgeon, qui a tenté de se suicider fin juillet en prison.

La parole de Berkane Makhlouf, qui s’estime « injustement condamné », peut-elle être la clé de ce nouveau procès ? Pour son avocat, Mohamed Khanifar, si cette nouvelle confrontation est souhaitable, elle peut aussi se transformer en règlement de comptes et « on risque de s’égarer dans la recherche de la vérité ».