« Cet acteur incarnait un certain style français, l’alliance réussie de l’élégance et de la gaudriole » (Photo : Jean Rochefort en 2008). / PATRICK KOVARIK / AFP

REPLAY. Jean Rochefort s’est éteint à l’âge de 87 ans, dans la nuit du dimanche 8 au lundi 9 octobre. Nous allons pouvoir le revoir. Chacun a « son » Jean Rochefort logé dans un coin de sa tête. Pour ma génération, celle qui l’a vu la première fois dans Le Grand blond est une chaussure noire (1972), cet acteur incarnait un certain style français, l’alliance réussie de l’élégance et de la gaudriole. Il était chevaleresque et clownesque, énigmatique et caustique.

La carrière de Jean-Rochefort en 5 rôles-clés
Durée : 03:03

Pour les moins de 20 ans, il était le « Boloss des Belles lettres » : celui qui racontait en langage « djeun », les chefs-d’œuvre de la littérature : d’Emma Bovary – celle qui « se fait chier, donc elle commence à toucher la nouille de quelques keums qui passent et elle se fait raccommoder la crinoline par des bad boys dans des calèches » – à Roméo et Juliette ou aux Liaisons dangereuses, etc. Ces pastilles littéraires, à croquer sans limite, diffusées en 2016 sur France 5 ont aussitôt été remises en ligne.

On les compte sur les doigts de la main, les acteurs dont la disparition fait l’ouverture et la clôture des JT de 20 heures de TF1 et de France 2. Jean Rochefort est de ceux-là. Il est devenu un monument national déclaré d’utilité publique. On se surprend à découvrir des pans entiers de sa personnalité, comme sa passion pour les chevaux et l’équitation. « Jean Rochefort a su tisser des liens avec chaque génération », conclut Gilles Bouleau.

La marque des grands

France Télévisions a décidé de chambouler ses programmes. C’est la marque des grands. Lundi soir, la génération Ridicule a été servie avec la diffusion par France 3 du film de Patrice Leconte. Sur France 5, les émissions « Entrée libre » et « C’est à vous » rendaient aussi un hommage spécial au comédien.

En écoutant Anne-Elisabeth Lemoine qui recevait Guy Bedos et Jean-Pierre Mocky, on comprend qu’elle appartient à la génération d’Un éléphant, ça trompe énormément (1976) et Nous irons tous au paradis (1977). Elle ne parle que d’Etienne Dorsay, ce mari volage que joue Jean Rochefort. Elle sera certainement devant son poste, ce soir, pour la rediffusion sur France 2, du diptyque d’Yves Robert.

De « Nous irons tous au paradis » à « L’Horloger de Saint-Paul », la carrière de Jean Rochefort en quelques photos

Un peu plus tard dans la nuit, France 2 a programmé Jean Rochefort, cavalier seul, un documentaire réalisé en 2014 par Ségolène Hanotaux. « On s’est rencontrés, on ne s’est jamais quittés », dit Jean-Pierre Marielle, le survivant de « la bande » qui avait 20 ans, dans les années 1950. L’émotion et la nostalgie percent. C’est une génération mythique d’acteurs que l’on enterre : Claude Rich, Philippe Noiret, Victor Lanoux… et un pan d’enfance qui disparaît.