Nom : Peltz. Prénom : Nelson. Age : 75 ans. Fonctions : patron et fondateur du fonds Trian Fund Management. Particularité : actionnaire activiste. Cibles : « les compagnies sous-valorisées et sous-performantes ». M. Peltz s’était beaucoup activé depuis juillet pour entrer au conseil d’administration de Procter & Gamble (P & G) et tout le monde des affaires américain retenait son souffle… L’assemblée générale des actionnaires, réunie mardi 10 octobre au siège du groupe à Cincinnati (Ohio), lui a, finalement, refusé le siège tant convoité au terme d’une bataille homérique et coûteuse pour convaincre les trois millions de petits porteurs détenant 40 % du capital.

Depuis 2016, le fonds Trian est actionnaire (1,5 %) du géant des produits ménagers et d’hygiène, connu pour ses marques Ariel, M. Propre, Gillette, Braun, Pampers ou Tampax. M. Peltz jugeait que ce poids lourd de Wall Street pesant 235 milliards de dollars s’était fait distancer par ses concurrents traditionnels (L’Oréal, Unilever…) mais aussi des jeunes pousses plus agiles. « P & G perd des parts de marché depuis dix ans », accusait-il durant sa campagne de séduction auprès des actionnaires. Il citait notamment Gillette, rachetée 57 milliards de dollars par P & G en 2005, qui a cédé beaucoup de terrain depuis 2012.

Le patron du groupe, David S. Taylor, répliquait que P & G était revenu sur de bons rails, que l’action avait regagné 20 % depuis sa nomination en novembre 2015 et que l’arrivée de M. Peltz ne ferait que freiner le redressement d’une multinationale qui reste prospère avec un chiffre d’affaires de 65 milliards de dollars et un bénéfice de 15,3 milliards enregistrés au cours du dernier exercice.

Second échec

Au total, P & G et Trian Fund ont officiellement dépensé 60 millions de dollars pour convaincre les petits actionnaires à coups de publicités, d’e-mails et de campagnes téléphoniques. Et sans doute 100 millions finalement, affirmait le New York Times à la veille de l’assemblée générale. Du jamais-vu outre-Atlantique, où les fonds activistes ne cessent pourtant de monter en puissance et somment les dirigeants des grandes compagnies comme General Motors, Pepsico ou Tiffany & Compagny de se restructurer et de « cracher » toujours plus de dividendes.

C’est le second échec de M. Peltz. Il y a quelques années, il avait tenté d’entrer au conseil du chimiste américain Dupont, qui a, finalement, fusionné avec son compatriote DowChemical. En revanche, il est parvenu, lundi, à décrocher un siège au board de General Electric (GE) pour le cofondateur de Trian, Ed Garden, après être entré au capital du conglomérat industriel en 2015 (0,82 % du capital). En 2006, un an après sa création, le Hedge Fund new-yorkais était entré au conseil du fabricant de Ketchup Heinz (devenu Kraft Heinz).

« M. Peltz a la réputation d’être un des investisseurs activistes les moins agressifs », notait le Financial Times dans son édition de mardi. Il avait essayé de se montrer rassurant chez P & G en affirmant ne pas vouloir se débarrasser des dirigeants actuels, mais peser sur la stratégie pour réorganiser la multinationale en trois grandes unités. Il n’en reste pas moins un « loup de Wall Street ». Et il n’est pas étranger au grand ménage intervenu dans l’équipe dirigeante de GE. Son PDG, Jeff Immelt, a quitté le groupe en juin sur de mauvais résultats boursiers, suivis ces derniers jours par trois membres importants de son état-major.