Mardek Mardkian lors du match face à l’Australie. / DAVID GRAY / REUTERS

La belle histoire s’est achevée à Sydney : l’Australie a mis fin au rêve du Mondial 2018 de la Syrie, pays ravagé par la guerre, mardi 10 octobre en prolongation du pré-barrage retour de la zone Asie (2-1 a.p. pour les Australiens ; 1-1 à l’aller).

Les Syriens auront tout de même signé un parcours incroyable. « Ce que nous avons réalisé avec cette sélection est grand, nos joueurs se sont comportés en hommes », a d’ailleurs salué le coach national syrien, Ayman Al-Hakim. Mais, pour les joueurs, la tristesse est profonde. « Je m’excuse auprès du peuple syrien au nom de mes équipiers, nous voulions donner du sourire et de la joie aux Syriens », a commenté l’attaquant Firas Al-Khatib.

Goût amer pour les Syriens

Cinq joueurs majeurs (blessés ou suspendus) faisaient défaut aux Aigles de Qassioun. Et comme l’a dit Firas Al-Khatib, c’est le vécu international qui a pesé : le vétéran australien Tim Cahill, 37 ans, a mis un point final à l’épopée syrienne avec un doublé (13e, 109e). Omar Al-Soma, buteur emblématique, a été l’homme du match côté syrien. Pour le meilleur, il a ouvert le score dès la 6e minute. Et, pour le pire, c’est son coup franc, qui aurait permis d’aller aux tirs au but, qui s’est fracassé sur le poteau australien dans les arrêts de jeu de la prolongation.

L’Australie défiera au mois de novembre, en match aller-retour, le pays qui finira 4e de la zone Concacaf (Amérique du Nord, centrale et Caraïbes). Les Socceroos espèrent désormais se qualifier pour leur 4e Mondial d’affilée. Les Syriens, eux, n’ont jamais participé à une Coupe du monde. Et ils garderont longtemps un goût amer du match à Sydney.

Les éliminatoires du Mondial 2018 des Aigles de Qassioun resteront tout de même dans l’histoire. Mais les réactions suscitées chez les Syriens après l’élimination reflètent les divisions dans un pays dévasté par la guerre depuis 2011.

Sentiments mitigés

Il y avait les soutiens. « Maintenant, il n’y a plus que de la tristesse et des espoirs déçus. On était tout proche », lâche Dana Abou-Chaar, la voix pleine de sanglots, après avoir regardé le match dans un café de Damas. « L’équipe a fait ce que la politique et les hommes de religion n’ont pas réussi, elle a uni le peuple syrien », souligne Ramez Tellawoui, comptable de 29 ans, évoquant la guerre qui a fait plus de 330 000 morts et des millions de déplacés.

Mais dans les territoires rebelles, certains se sont réjouis de la défaite de la Syrie, alors que des joueurs avaient dédié leurs victoires précédentes au président Assad. « Je suis heureux de les voir quitter la compétition et de leur défaite face à l’Australie. Un jour, on aura l’équipe de la Syrie libre, qui représentera tous les Syriens », se réjouit ainsi Khair Ali Daoud, qui a suivi la rencontre avec un groupe d’amis à Idleb, dernière province aux mains des rebelles dans le nord-ouest syrien.