Dans la prison de Fresnes, en septembre 2016. / PATRICK KOVARIK / AFP

On ne se déradicalise pas toujours en prison. Deux détenus, incarcérés à la prison de Fresnes (Val-de-Marne) pour des faits de droit commun, ont été placés en garde à vue, lundi 2 octobre, pour un projet d’attentat fomenté depuis leur cellule. Ils ont été mis en examen vendredi pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, a déclaré au Monde une source judiciaire, confirmant une information de LCI.

Charles-Henri M., un Camerounais de 28 ans, et Maxime O., un Français de 22 ans, tous deux condamnés pour des faits de vols et de violences, devaient être libérés d’ici à la mi-octobre. Mais une enquête ouverte en décembre 2016 a révélé qu’ils ourdissaient un projet d’attentat hors les murs. Les deux hommes, extraits de prison pour être entendus lundi, ont été mis en examen et réintégrés dans leur cellule de façon opportune vendredi, à quelques jours de la date prévue de leur libération.

Policiers, surveillants, braquage…

C’est un renseignement obtenu à l’extérieur de la prison fin 2016 par la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et transmis au renseignement pénitentiaire qui a permis de déjouer ce projet d’attentat. Des fouilles diligentées dans les cellules des deux suspects, connus pour leurs accointances islamistes, ont permis d’exploiter leurs téléphones portables et de mettre au jour des conversations évoquant différents projets d’action en milieu ouvert.

Aucune cible n’était précisément désignée, mais des policiers, des surveillants de prison ou encore un braquage de bijouterie devant financer l’achat d’armes étaient évoqués, précise une source proche du dossier. Les suspects étaient en relation avec d’autres détenus radicalisés, Charles-Henri M. étant lui-même en contact avec un djihadiste présent dans la région irako-syrienne. Selon LCI, il aurait reconnu en garde à vue un projet d’attentat, sans en dévoiler l’objet.

Ce n’est pas la première fois qu’un attentat est élaboré derrière les barreaux. Le 4 septembre 2016, Bilal T., 24 ans, condamné à cinq ans de prison pour un projet de départ en Syrie, avait tenté d’assassiner un surveillant à l’aide d’une lame artisanale confectionnée en cellule. Cette attaque au sein de l’« unité de prévention de la radicalisation » de la prison d’Osny avait sonné le glas de cette expérimentation un mois plus tard. Selon une source au sein de l’administration pénitentiaire, d’autres renseignements faisant état de « projets d’action embryonnaires » ont déjà été remontés au parquet de Paris.