La justice suisse a ouvert une procédure pénale contre Jérôme Valcke, ancien secrétaire général de la FIFA, et Nasser Al-Khelaïfi, directeur de la société BeIn Media et président du Paris SG, en lien « avec l’octroi de droits média pour les coupes du monde de football », a annoncé jeudi 12 octobre le ministère public de la Confédération (MPC).

L’enquête a été ouverte le 20 mars pour « soupçon de corruption privée, d’escroquerie, de gestion déloyale et de faux dans les titres », a précisé le MPC, ajoutant qu’une opération « coordonnée » a été « menée dans plusieurs pays » dans le cadre de cette procédure. En collaboration avec les autorités judiciaires en France, en Grèce, en Italie et en Espagne, « des perquisitions ont eu lieu simultanément et en divers lieux ».

Selon nos informations, Jerome Valcke a été interpellé dans la matinée à Genève par les autorités suisses, qui l’ont conduit à Berne, où est basé le siège du parquet helvétique. Cette arrestation intervient au lendemain de l’audition de l’ex-bras droit de Sepp Blatter – ancien président de la FIFA (1998-2015), suspendu six ans – par le Tribunal arbitral du sport (TAS).

Selon le communiqué du MPC :

« Jérôme Valcke est soupçonné d’avoir accepté des avantages indus en lien avec l’octroi de droits média dans certains pays de la part d’un homme d’affaires dans le domaine des droits sportifs en ce qui concerne les Coupes du monde de football de la FIFA de 2018, 2022, 2026 et 2030 et de la part de Nasser Al-Khelaïfi en ce qui concerne les Coupes du monde de la FIFA de 2026 et 2030. »

Perquisition au siège de BeIn Sports

En outre, deux magistrats du parquet national financier (PNF) assistés d’enquêteurs de l’office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) ont procédé à une « perquisition des bureaux parisiens de BEIN SPORTS France », a indiqué le PNF dans un communiqué. « Cette opération s’est déroulée sous l’égide d’EUROJUST et en étroite coordination avec le MPC suisse », précise le PNF.

M. Valcke, 57 ans, avait saisi le TAS pour faire appel de sa suspension de dix ans prononcée, en 2016, par les instances disciplinaires de la FIFA. Démis de ses fonctions en septembre 2015, après les accusations de malversations faites contre lui par l’ex-footballeur israélien Benny Alon dans le cadre de la billetterie du Mondial brésilien de 2014, Le Parisien est actuellement sous le coup d’une procédure pénale ouverte par le Ministère public de la Confédération helvétique (MPC) pour des soupçons de « gestion déloyale et d’autres délits. »

Sur l’enquête, lire : Le baroud d’honneur de Jérôme Valcke

L’étau se resserre autour de Valcke

Licencié par la FIFA en janvier 2016, M. Valcke a été poursuivi par le comité d’éthique de la FIFA pour avoir enfreint sept chapitres du code d’éthique de la FIFA. Il est accusé notamment d’avoir tenté de brader les droits télévisés des Mondiaux 2018 et 2022 lors de ses négociations avec la Confédération caribéenne de football (CFU), en mars 2011, en amont de la réélection de Sepp Blatter à un 4e mandat. La CFU était alors dirigée par le Trinidadien Jack Warner, aujourd’hui suspendu à vie.

Par ailleurs, le nom de Jerome Valcke a été cité dans le paiement suspect de 10 millions de dollars fait en 2008 à Jack Warner. Autorisé par le Français, ce versement est au cœur de l’enquête des autorités américaines sur l’attribution controversée du Mondial sud-africain de 2010.

Depuis son éviction de la FIFA, Jerome Valcke a vendu ses biens immobiliers en Suisse. Il réside désormais à Barcelone, où il a monté une société spécialisée dans l’événementiel. « Je n’ai jamais caché quoi que ce soit de mes activités à la FIFA », confiait M. Valcke au Monde avant son audition devant le TAS.