Michel Sapin, le 11 mai, à Bari. / ALBERTO PIZZOLI / AFP

La bataille de l’ISF ne faiblit pas. Invité jeudi 12 octobre de l’émission « Questions d’info » sur LCP en partenariat avec Le Monde, France Info et l’AFP, Michel Sapin a demandé au gouvernement de publier « la somme dont vont bénéficier les 100 premières fortunes de France » du fait de la transformation de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) en un impôt sur la seule fortune immobilière.

« Combien sur ces 5 milliards d’euros d’allégements vont aller aux 100 premières fortunes ? », a interrogé l’ancien ministre de l’économie de François Hollande en demandant que « Bercy, le gouvernement, le président de la République publient la somme dont vont bénéficier les 100 premiers bénéficiaires » afin qu’on s’aperçoive de « la concentration considérable » de l’effet des mesures proposées.

« Sur l’ISF, ce qui me gêne plus, a-t-il ajouté, c’est de considérer qu’il y a des bonnes fortunes et des mauvaises fortunes. Il se trouve que la bonne fortune, c’est la fortune financière, c’est celle qui est liée à la très, très grande fortune, et que la mauvaise fortune, c’est la fortune des cadres moyens supérieurs, ceux qui ont de l’immobilier. »

« Un cache-sexe pour amuser la galerie »

Michel Sapin a également étrillé la « flat tax » de 30 % qui va s’appliquer aux revenus du capital à compter de 2018 dont 12,8 % au titre de l’impôt sur le revenu et 17,2 % au titre des prélèvements sociaux. « L’impôt sur le revenu payé par ceux qui ont un revenu financier, c’est 12,8 %, celui des contribuables imposés à la première tranche c’est 14 % », s’est insurgé l’ancien ministre. Cette mesure met, selon lui, à bas « la progressivité de l’impôt sur le revenu » qui est « un grand principe républicain » et pose un « problème constitutionnel ». Un recours devant le Conseil constitutionnel apparaît plus que probable à l’issue de la discussion budgétaire.

Pour donner des gages à ceux qui lui reprochent de conduire une « politique pour les riches », la majorité s’est dite prête à taxer davantage les signes extérieurs de richesse, tels les yachts. « C’est un cache-sexe pour amuser la galerie », a rétorqué Michel Sapin en ajoutant, ironique, « on en revient à la situation d’avant 1981. Il existait à l’époque un impôt sur les signes extérieurs de richesse, quelle modernité ! »

Aucun doute, Emmanuel Macron est, aux yeux de Michel Sapin, un « président de droite » sur les sujets fiscaux. Sur d’autres, comme l’Europe, l’ancien ministre de François Hollande préfère en revanche retenir ses coups. Il juge également positif qu’une concertation s’ouvre sur la formation professionnelle mais distille ce conseil au président de la République : « Attention aux phrases vexatoires, attention à l’accumulation de mesures qui, à un moment donné, peuvent créer un climat explosif. »

Interrogé sur la concurrence à gauche de Jean-Luc Mélenchon qui prétend incarner l’opposition, Michel Sapin s’est montré très sévère. « Il finira politiquement par mourir [de son] incapacité à maîtriser sa parole », a-t-il jugé, en décrivant un leader « complètement fou de sa propre image, complètement obsédé par lui-même ».