C’est un rendez-vous, si ce n’est secret, du moins discret. Anne Hidalgo recevra, lundi 16 octobre, à l’Hôtel de ville les douze députés parisiens élus sous l’étiquette La République en Marche (LRM), en juin, à Paris. Tous ont prévu de se rendre à l’invitation après avoir eux-mêmes sollicité ce rendez-vous, peu après leur élection. « De la même façon qu’on a vu collectivement le recteur et le préfet d’Ile-de-France, on s’est dit que ce serait bien de rencontrer la maire de Paris tous ensemble », explique Anne-Christine Lang, députée (LRM) et conseillère de Paris.

Officiellement, il s’agit d’une « prise de contact protocolaire », dit l’un des convives. « L‘échange n’a pas vocation à être médiatisé, confie Stanislas Guérini, député (LRM) même s’il n’a rien de tabou », ajoute l’ex-responsable parisien d’En Marche pendant la campagne présidentielle. « On a besoin que la maire de Paris nous connaisse, explique Sylvain Maillard, député LRM et conseiller du 9e arrondissement, qu’elle soit notre interlocutrice sur les sujets sur lesquels les Parisiens nous interpellent. » L’entourage de Mme Hidalgo précise que cette entrevue sera l’occasion pour les nouveaux députés de « se présenter ».

Mais l’entrevue n’est pas qu’une simple visite de courtoisie. « La maire en profitera pour faire de la pédagogie sur le fonctionnement de la ville et sur les implications budgétaires » de la politique du gouvernement pour Paris, prévoit le cabinet de Mme Hidalgo.

La baisse des APL devrait être abordée

C’est le hasard du calendrier. Le rendez-vous se tient la veille du début de l’examen à l’Assemblée nationale, mardi 17 octobre, du projet de loi de finances pour 2018. « J’ai tendance à penser qu’elle va nous parler des amendements qu’elle souhaiterait nous voir porter en séance, ironise un des députés conviés, d’autant qu’elle n’a plus les députés PS parisiens pour les déposer. » Paris ne compte plus qu’une seule députée socialiste, George Pau-Langevin (15e circonscription) contre dix sous la précédente mandature.

S’ils se défendent de « toute opposition systématique » à la maire de Paris, les députés LRM n’ont pas l’intention de jouer « ses petits télégraphistes » à l’Assemblée nationale. « On peut être ouverts si c’est dans l’intérêt des Parisiens mais il faudra qu’on discute. On sera pragmatiques », promet M. Maillard. « On veut pouvoir faire un pas de côté quand on n’est pas d’accord avec les positions de la maire », explique Mme Lang.

Mme Hidalgo devrait interpeller les députés LRM sur une réforme dont elle redoute « l’effet désastreux » pour sa politique du logement à Paris : la baisse de l’aide personnalisée au logement (APL). Cette réforme conçue pour encourager les bailleurs sociaux à baisser les loyers représenterait pour ces organismes parisiens 43 millions d’euros de manque à gagner, a-t-elle calculé.

« Je demande [au gouvernement] qu’on réécrive ensemble un pacte qui nous permette de continuer de construire et de rénover les HLM » dans Paris a souhaité Mme Hidalgo le 8 octobre au Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI.

« Nous ne sommes pas des élus parisiens »

Sur ce dossier, les députés LRM vont être difficiles à convaincre. « Le gouvernement souhaite faire évoluer la politique du logement au niveau national pour la rendre plus efficace. Il est en outre prévu des compensations financières pour les bailleurs sociaux », rappelle M. Guérini. « Sa position nous est égale, affirme de son côté, M. Maillard. Nous sommes des députés de la nation, pas des élus parisiens. En outre, on voit bien que sa politique ne marche pas à Paris. Dans mon arrondissement, j’ai plus de 3 000 dossiers de demande de logement et on en attribue 18 par an. Il faut qu’on travaille autrement. On voit bien que ça ne va pas ! »

Au menu de la rencontre devrait figurer un autre plat de résistance : l’avenir du Grand Paris. Les députés LRM parisiens planchent sur le sujet avec les ministères concernés. Emmanuel Macron s’apprête à présenter sa vision du Grand Paris en novembre et a expliqué pourquoi une réforme de la toute jeune métropole s’impose. Un projet de loi pourrait être élaboré en 2018 pour modifier son fonctionnement, voire son périmètre, à l’issue d’une concertation avec les élus d’Ile-de-France. Les députés comptent bien sonder Mme Hidalgo sur ses positions « grand-parisiennes ».