Emmanuel Macron, président de la république, est interviewé sur TF1, dimanche 15 octobre 2017 - 2017©Jean-Claude Coutausse / french-politics pour Le Monde / JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR "LE MONDE"

Le président de la République Emmanuel Macron, a accordé en direct sur TF1 et LCI, dimanche 15 octobre, son premier grand entretien télévisé en France, après cinq mois de mandat. Il y a largement abordé les thèmes économiques et sociaux, en défendant les réformes récentes et à venir, mais a aussi défendu son style, et a « assumé » les polémiques sur certaines de ses déclarations.

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  • A propos du style de sa présidence

M. Macron a assuré que « les décisions quotidiennes » étaient prises par son premier ministre, Edouard Philippe, mais qu’« à la fin des fins, les décisions stratégiques sont prises par le président de la République », qui a « reçu le mandat » des Français. « J’ai pris la décision de ne pas avoir une présidence bavarde, de ne pas parler tout le temps parce qu’il faut que la parole présidentielle garde de la solennité. Et parce qu’il faut aussi que le premier ministre, les ministres, le gouvernement dans son ensemble déploie une parole, s’exprime. Il était nécessaire, je crois, de revenir à certains usages », a-t-il dit.

Le président de la République a également assumé ses propos sur « les fainéants », « les cyniques », ou ceux qui « foutent le bordel » tout en rejetant leur mauvaise compréhension sur les « commentateurs ». Il s’est défendu de tout mépris de classe et a assuré avoir de la « considération » pour « tous [s]es concitoyens ».

  • La lutte contre le chômage

« La plénitude des réformes » et leurs effets sur le chômage, « vous les verrez dans un an et demi, deux ans », a affirmé dimanche Emmanuel Macron sur TF1.

Interrogé sur sa promesse de ramener le chômage à 7 % de la population active au cours de son mandat, le président de la République a estimé que « le taux de chômage est en train de progressivement baisser ». « Les réformes du code du travail ne sont pas une hyperlibéralisation qui va détruire des droits », a-t-il également défendu, « on doit donner plus de souplesse aux entreprises ».

Il a également jugé « réaliste » le projet de donner la possibilité à un salarié de démissionner et de toucher les allocations chomage.

« Je veux qu’il y ait un contrôle assumé. Il faut qu’on assure qu’il cherche bien de manière active un emploi et qu’il ne soit pas un multirécidiviste du refus. A côté de ça, nous devons nous engager à lui offrir des emplois. »
  • Face aux accusations de « président des riches »

M. Macron a dénoncé la « jalousie française » et estimé que l’impôt sur la fortune avait fait fuir « beaucoup de talents ». Il veut cependant que les citoyens les plus aisées soient « en tête de cordée. » « Je veux que ceux qui réussissent tirent les autres. Mais je n’aime pas le cynisme, ils doivent s’engager dans la société. »

La baisse de cinq euros par mois de l’aide personnalisée au logement (APL), décriée et qui a donné lieu à des manifestations samedi en France, était une « mesure d’urgence », a-t-il défendu. « Dans le monde des HLM, il y a des réserves, des acteurs qui ont beaucoup d’argent. On va leur demander de faire un effort. De l’autre côté, il y a des organismes qui ont des publics en difficulté, beaucoup plus modestes. Dans nos engagements, il y a des organismes recapitalisés et d’autres qui seront accompagnés », a-t-il ajouté.

  • Harvey Weinstein, et le harcèlement sexuel dans la rue

Emmanuel Macron a confirmé avoir demandé au grand chancelier de l’ordre de la Légion d’honneur d’entamer une procédure disciplinaire pour retirer au producteur américain Harvey Weinstein sa décoration, alors que ce dernier a été accusé de viols et d’agressions sexuelles par de très nombreuses femmes.

Le chef de l’Etat a par ailleurs estimé que pour tout ce qui concerne le harcèlement subi par les femmes dans la rue et les transports, « il faudra en passer par la loi. » « Je souhaite que nous puissions avoir une procédure plus simple de verbalisation quand des faits sont commis. Sur ce sujet comme sur d’autres sujets du quotidien je souhaite simplifier nos procédures », en rappelant un projet de police de proximité qui doit être discuté prochainement.

M. Macron s’est refusé à donner une décision tranchée sur l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux femmes seules et aux couples d’homosexuelles, tout en se déclarant en faveur. « Le politique ne doit pas imposer un choix en brutalisant les consciences. En 2018, je souhaite que nous puissions avoir un débat apaisé », a-t-il simplement expliqué. « Je suis contre la gestation pour autrui (GPA). Je souhaite qu’on ne puisse pas passer de la PMA à la GPA subrepticement. Je tiens à ce que nous ayons une vraie conception de la famille. »

  • « Le risque zéro n’existe pas »

Alors que le préfet du Rhône a été limogé, quelques jours plus tôt, par le ministre de l’intérieur Gérard Collomb, en raison de « dysfonctionnements » autour de la remise en liberté d’Ahmed Hanachi, qui a tué deux étudiantes à Marseille, M. Macron a voulu rappeler que l’Etat français n’était pas « impréparé » face à la menace terroriste. « Le risque zéro n’existe pas », a-t-il ajouté.

Le chef de l’Etat a rappelé son souhait de « reconduire à la frontière » les personnes qui ne disposent pas de titre de séjour, de façon beaucoup plus systématique que c’est le cas aujourd’hui. Un renvoi systématique serait contraire aux décisions de la Cour européenne des droits de l’homme. Ce souhait, de renvoyer hors de France les personnes ne disposant pas d’un titre pour y rester figurait dans son programme de campagne présidentielle.

Emmanuel Macron a donc rappelé souhaiter que dans les temps à venir, « toutes celles et ceux qui commettent un acte délictueux soient expulsés » sans donner de date à partir de laquelle cette pratique pourrait devenir réalisable. Pour avancer en ce sens, il a rappelé travailler sur les « accords bilatéraux » conclus avec les pays d’origine, mais a aussi tenu à préciser que son ministre de l’intérieur mettait en place « une adaptation de notre organisation » afin de parvenir à ce but, et, dernier point, qu’une loi sur l’immigration, prochainement discutée, permettrait aussi d’aller vers ce but.

  • « Les Etats-Unis, ce sont nos alliés »

Les sujets internationaux ont été largement éludés au cours de l’interview, mais Emmanuel Macron a tenu à rappeler que les Etats-Unis étaient « les alliés » de la France, en dépit des « désaccords » avec le président américain, Donald Trump, notamment sur l’accord nucléaire iranien et l’accord de Paris sur le climat.

« Je parle constamment au président américain parce que c’est mon devoir. Il est nécessaire de l’ancrer dans ce partenariat et dans ce multilatéralisme. »

Tout comme le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, la veille, il a fermement défendu l’accord sur le nucléaire iranien, estimant que la France peut être « exigeante sur l’activité balistique de l’Iran et son action dans la région. »