Les footballeuses du Paris FC (PFC) et du Paris-Saint-Germain (PSG) sont en train d’accomplir un exploit significatif, dimanche 15 octobre après-midi : disputer leur premier « derby parisien »… à Bondoufle, dans l’Essonne. Ce match de la 6e journée du championnat féminin de football se tient depuis 16 h 30 au stade Robert-Bobin - du nom d’un ancien athlète -, comme à chaque fois que les joueuses du PFC jouent à domicile.

Ce derby délocalisé a un mérite. Il rappelle que l’équipe féminine du Paris FC résulte d’une fusion opérée l’été dernier, à l’intersaison, avec le Fotball Club Féminin Juvisy Essonne (1985-2017). D’un côté, le PFC et les ressources financières que lui procure son équipe professionnelle masculine, actuellement en Ligue 2. De l’autre, le club amateur de Juvisy et sa structure sportive, déjà fort légitime en D1 féminine : six titres entre 1992 et 2006.

Mais, hormis le fait de jouer toujours dans le stade Robert-Bobin (18 000 places tout de même), la fusion sportive entre les deux entités a surtout entraîné la disparition de l’identité de Juvisy au plus haut niveau du football féminin. Cet été, une assemblée générale exceptionnelle du club essonnien validait la cession des droits et décider d’effectuer « l’union » des deux effectifs féminines sous le nom du Paris Football Club.

Le site Internet de Juvisy (qui redirige désormais vers celui du PFC) invoquait alors « une volonté de cohérence et de développement », tout en assurant que les maillonts des joueuses « respecteront l’histoire et l’identité de chacun ». Comprendre : avec un jeu de maillots en bleu (couleur du PFC), et un autre en blanc et noir (celles de Juvisy).

Fusion lyonnaise dès 2004

Au bas du communiqué, le club essonnien justifiait cette fusion par des impératifs économiques : « le statut amateur de Juvisy ne lui permet plus aujourd’hui de rivaliser avec les clubs professionnels qui se développent à grande vitesse », estimait le texte. En cause : la mutation d’un championnat en profonde mutation depuis une décennie.

En 2017-2018, sur les douze équipes de Division 1, huit d’entre elles appartiennent à un club professionnel masculin. Outre le PFC et le PSG, l’exemple de l’Olympique lyonnais est évidemment le plus parlant : le club reste sur onze titres d’affilée en championnat de France. Dès l’année 2004, l’OL décide d’une fusion avec le club amateur du FC Lyon, qui faisait déjà référence dans le football féminin.

Montpellier, Lille, Marseille, Bordeaux et Guingamp ont également cette année une équipe en D1 Féminine. Si bien que Soyaux, Fleury, Rodez et Albi font désormais figure d’exception dans le paysage actuel : ces quatre clubs sont les seuls, au plus haut niveau féminin, à n’être rattaché à aucune structure professionnelle d’un club masculin.

« Devenir le premier club formateur de France »

Dix ans plus tôt, le phénomène était inverse : les clubs amateurs étaient alors majoritaires, à en juger par la présence - aujourd’hui révolue - de Saint-Brieuc, La Roche-Sur-Yon, Hénin-Beaumont, Vendenheim ou encore Evreux lors de l’exercice 2007-2008.

Aujourd’hui, le Paris FC nourrit un objectif ambitieux : « devenir le premier club formateur masculin et féminin de France ». Au-delà du cas parisien, la Fédération française de football (FFF) mise aussi sur le football féminin : en 2019, elle organisera la 8e édition de la Coupe du monde, l’occasion sans doute d’étoffer son nombre de licenciées.

En 2016, à grand renfort de communiqués, la FFF annonçait déjà avoir franchi le cap des 100 000 joueuses licenciées, soit trois fois plus qu’en 2000. Un total encore bien mince par rapport à ses 2 millions de joueurs.

Parmi les Bleues qui ont affronté le Chili et l’Espagne en match amical au mois de septembre, six jouent pour un club de la capitale : trois du Paris FC (ex-Juvisy) et trois autres du PSG, toutes présentes ce samedi, devant les caméras d’Eurosport 2, au stade Bobin de Bondoufle.