L’explosion de samedi a détruit plusieurs bâtiments à Mogadiscio. / Farah Abdi Warsameh / AP

Le bilan de l’explosion de deux véhicules piégés à Mogadiscio, samedi 14 octobre, s’est considérablement alourdi et s’établit désormais à plus d’une centaine de morts, avec un décompte encore provisoire. Un responsable de la police, cité par l’AFP, fait état d’au moins 137 morts, « la plupart brûlés au point de ne pas être reconnaissables » et de plus de 300 blessés, parfois brièvement. L’agence AP, qui a effectué son propre décompte à partir de sources policières et hospitalières, évoque 189 morts et plus de 200 blessés.

Le président somalien, Mohamed Abdullahi Mohamed, surnommé Farmajo, qui a rencontré dimanche les blessés à l’hôpital Erdogan, a décrété un deuil national de trois jours, après cet attentat considéré par les Somaliens comme le pire de l’histoire de leur pays.

Plusieurs bâtiments alentours endommagés

Un camion a explosé samedi devant le carrefour K5, un secteur très fréquenté de la capitale qui abrite bâtiments officiels, hôtels et restaurants. Le véhicule était garé devant l’hôtel Safari, un établissement populaire, qui n’hébergeait pas de responsables officiels. La déflagration a fortement endommagé plusieurs édifices et mis le feu à des dizaines de véhicules. De nombreux morts ont été retrouvés après des recherches dans les décombres. Deux heures plus tard environ, un second véhicule a explosé dans le quartier de Medina.

Le ministère qatarien des affaires étrangères a déclaré que sa mission à Mogadiscio avait été gravement endommagée par l’explosion, et son chargé d’affaires blessé. Selon l’Union nationale des journalistes somaliens, un caméraman pigiste, Ali Nur Siyaad, a été tué dans l’explosion, et quatre autres journalistes ont été blessés.

Pas de revendication, mais l’ombre des Chabab

Ce double attentat n’a pas été revendiqué mais porte la marque des Chabab, qui multiplient ce genre d’attaques depuis des mois à Mogadiscio. En juin, 31 personnes avaient été tuées devant des restaurants de la capitale.

Les djihadistes, qui ont été contraints de se retirer de Mogadiscio en 2011, cherchent depuis dix ans à renverser le gouvernement soutenu par les pays occidentaux et à imposer en Somalie une version stricte de l’islam. Ils contrôlent de vastes zones rurales d’où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides, souvent dans la capitale, et contre des bases militaires, somaliennes ou étrangères. L’attentat de samedi a eu lieu un jour après l’annonce de la démission, sans explications, du ministre de la défense et du chef de l’armée.