Un membre des forces irakiennes posté samedi aux abords d’une rivière bordant le sud de la ville de Kirkouk. / AHMAD AL-RUBAYE / AFP

Les blindés des forces irakiennes étaient postés samedi 14 octobre aux abords d’une rivière bordant le sud de la ville de Kirkouk, faisant face aux peshmergas (forces kurdes), campés de l’autre côté du cours d’eau. Mais rien ne s’est passé à l’échéance de l’ultimatum.

Un nouveau délai de 24 heures a été accordé aux forces kurdes, pour se retirer de leurs positions à Kirkouk, au cours duquel doivent se rencontrer les présidents irakien et kurde Fouad Massoum et Massoud Barzani. Cette réunion se tiendra dans la province de Souleimaniyeh, située à l’est de la riche région pétrolière de Kirkouk et fief de l’UPK, le parti de M. Massoum, lui-même kurde, et rival du Parti démocratique kurde (PDK) de M. Barzani.

Les autorités kurdes avaient affirmé avoir reçu un ultimatum des forces irakiennes pour se retirer des positions qu’ils avaient prises en 2014 lors du chaos créé par la percée fulgurante des djihadistes. Ce délai est arrivé à expiration dans la nuit, toutefois, tôt le matin, aucun incident n’avait été signalé.

Une situation tendue

Dans la journée de samedi, Kamal Kirkouki, commandant du front ouest de Kirkouk au sein des peshmergas, avait affirmé que les combattants kurdes avaient « pris toutes les dispositions nécessaires », ajoutant : si « l’autre partie commet l’erreur d’avancer, nous leur donnerons une leçon qu’ils n’oublieront pas de sitôt ».

Même ton de la part du gouverneur de Kirkouk, le Kurde Najm Eddine Karim, démis par Bagdad mais qui reste à son poste. Il a rendu visite aux peshmergas dans la zone où se trouvent les champs pétroliers de Bay Hassan et Havana, réclamés par Bagdad.

« Les demandes des [groupes paramilitaires] Hachd al-Chaabi d’évacuer Kirkouk et de remettre le contrôle du terrain, des habitants et des ressources naturelles sont totalement inacceptables, a-t-il déclaré aux journalistes. Nous sommes en contact avec la coalition [internationale antidjihadistes conduite par les Etats-Unis] et elle peut voir par ses survols la façon dont les forces irakiennes se sont avancées. »

Vendredi, les forces irakiennes avaient repris sans combat des positions où les combattants kurdes s’étaient installés dans le chaos créé par la percée fulgurante des djihadistes du groupe Etat islamique (EI) en juin 2014.

Le contrôle des champs pétroliers

L’avancée, au-delà des villages de Taza Khormatou et de Bachir, à une dizaine de kilomètres au sud de Kirkouk, des colonnes de chars et de blindés des forces gouvernementales et paramilitaires irakiennes s’est faite alors que les peshmergas s’étaient retirés dans la nuit. De nombreuses infrastructures pétrolières se trouvent dans cette zone au sud de la capitale provinciale. Selon Erbil, les forces de Bagdad « veulent s’emparer des champs pétroliers, d’un aéroport et d’une base militaire ».

Les autorités centrales étaient en charge des champs pétroliers de Kirkouk jusqu’à ce qu’en 2008, les Kurdes prennent le contrôle de celui de Khormala. Et en 2014, ceux de Havana et Bay Hassan. Ces trois champs pétroliers fournissent 250 000 barils de pétrole par jour sur les 600 000 b/j qu’exporte le Kurdistan contre l’avis de Bagdad.

Les forces irakiennes sont « chargées de se redéployer sur les positions qu’elles occupaient avant le 9 juin 2014 », et cela, « sur ordre de l’état-major », a fait savoir Ahmed al-Assadi, porte-parole du Hachd al-Chaabi, une coalition alliée de Bagdad et formée en 2014 pour contrer la progression de l’EI.

C’est déjà dans la province de Kirkouk que les tensions s’étaient concentrées le 25 septembre, jour du référendum d’indépendance kurde. Celui-ci avait été organisé par le gouverneur de Kirkouk, malgré l’opposition de Bagdad. Une source proche du premier ministre Haider al-Abadi a d’ailleurs signalé samedi à l’AFP qu’« aucun dialogue [avec les Kurdes] ne sera mené tant que les résultats du référendum ne sont pas annulés ».