Les forces irakiennes ont quitté Taza Khormatou, dimanche 15 octobre. / AHMAD AL-RUBAYE / AFP

Alors qu’une rencontre des chefs d’Etat irakiens et kurdes s’est tenue plus tôt, des observateurs ont constaté que des troupes irakiennes ont quitté Taza Khormatou, direction le nord du pays. Confirmée par le conseil de sécurité du Kurdistan irakien, dans la nuit de dimanche 15 à lundi 16 octobre, cette avancée intervient après trois jours de face-à-face tendu entre troupes irakiennes et peshmergas kurdes ; et après l’expiration d’un délai supplémentaire accordé à ces derniers pour quitter les zones dont ils ont pris le contrôle en 2014.

« Les forces irakiennes et les unités de mobilisation populaire avancent depuis Taza Khormatou, au sud de la ville de Kirkouk, pour une vaste opération (…) afin de reprendre la base K1 et les champs de pétrole [tenus par les peshmergas] », a rapporté le Conseil sur Twitter.

Les forces irakiennes, de leur côté, assurent ne pas désirer entrer à Kirkouk mais vouloir reprendre les positions militaires et les infrastructures qui étaient sous son contrôle. Aux abords de la ville, elles ont appelé par haut-parleurs les peshmergas à se retirer de leurs positions, ont signalé des sources locales.

La base dite « K1 » est celle de la 12e division de l’armée irakienne, dont les peshmergas s’étaient emparés en juin 2014 peu après la chute de Mossoul aux mains des djihadistes du groupe Etat islamique (EI). Elle se trouve près d’une raffinerie au nord-ouest de Kirkouk. Les troupes irakiennes entendent également reprendre l’aéroport mitoyen.

Une « escalade dangereuse »

Plus tôt dans la journée, le gouvernement irakien a changé de ton en accusant les Kurdes de chercher à déclarer la guerre avec la présence dans la province disputée de Kirkouk de combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme « terroriste » par Ankara et Washington. Des responsables kurdes ont démenti une présence du PKK, mais l’un d’eux a reconnu qu’il y avait des « sympathisants » de cette formation à Kirkouk, des « volontaires » qui combattaient l’EI.

Le Conseil de la sécurité nationale, la plus haute instance de la défense en Irak présidée par le premier ministre Haider al-Abadi, a dit dans un communiqué y voir « une déclaration de guerre ». Face à cette « escalade dangereuse », il est « impossible de rester silencieux », et « le gouvernement central et les forces régulières vont accomplir leur devoir de défendre les citoyens (…) et la souveraineté de l’Irak », poursuit le texte.

La déclaration du conseil de sécurité irakien intervient juste après une réunion des dirigeants kurdes qui se sont dits « totalement prêts au dialogue » avec les autorités centrales mais ont refusé d’annuler le référendum d’indépendance comme condition à des négociations comme le réclame Bagdad.