Près de mille personnes, dont 250 élus locaux, ont participé, lundi 16 octobre, aux premiers états généraux de la politique de la ville, à Grigny (Essonne). / Thibault Camus / AP

Ils sont venus de Nanterre (Hauts-de-Seine), d’Arras (Pas-de-Calais), de Roubaix (Nord), d’Epinal (Vosges), de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines), de Vaulx-en-Velin (Rhône) ou d’Hérouville-Saint-Clair (Calvados). Près de mille personnes, dont deux cent cinquante élus locaux, ont participé, lundi 16 octobre, aux premiers états généraux de la politique de la ville, à Grigny (Essonne). Un événement inédit destiné à lancer « un appel solennel à la nation » et à « sensibiliser » le gouvernement à la cause des quartiers populaires, en lui soumettant notamment des propositions « concrètes ».

Depuis l’annonce, cet été, des coupes dans le budget de la politique de la ville, puis de la baisse des contrats aidés — deux décisions jugées brutales et vécues sur le terrain comme « une double peine » — maires et associations ne cessent de tirer la sonnette d’alarme.

Organisé par les associations Bleu, blanc, zèbre, Ville et banlieue et Villes de France, et soutenu par Jean-Louis Borloo, ce rassemblement qui se veut « sans aucune idée partisane », a été l’occasion pour les personnes présentes d’exprimer leur colère et leur désarroi au micro, en espérant que leur « cri portera jusqu’à Matignon », a déclaré le maire (LR) de Roubaix, Guillaume Delbar.

Rien n’a pu calmer les esprits

« Nommez un ministre de la politique de la ville qui connaît le sujet, a lancé un membre d’une association. Nous faisons notre part du boulot, faîtes le vôtre ! » « On en a marre de s’excuser de demander des moyens », a tempêté Nelly Dutu, maire (PC) de La Verrière (Yvelines). « La république a décidé de tourner le dos à ses quartiers populaires et à ses habitants », a dénoncé le maire (PC) de Stains (Seine-Saint-Denis), Azzédine Taïbi.

La « sanctuarisation » du budget 2018, confirmée le 6 octobre lors du lancement des 40 ans de la politique de la ville par Jacques Mézard, ministre de la cohésion des territoires, ne semble pas avoir calmé les esprits. Ni même l’intervention, dimanche soir sur TF1, d’Emmanuel Macron, qui dit être « sensible au message » des maires des villes dites « populaires » avant de promettre de les recevoir. Il a également affirmé avoir une « ambition pour les quartiers » et vouloir mener « une vraie politique de la ville ». Ces mots, perçus comme un « signe encourageant » par nombre d’élus, restent « insuffisants ».

« C’est à vous qu’il appartient de remettre le sujet en haut de la pile et de donner un coup d’accélérateur, les a encouragés au micro Jean-Louis Borloo. Ces états généraux marquent un virage, une alerte, une séquence démocratique. » Anne Hidalgo, maire (PS) de la capitale, a également pris la parole : « Paris est solidaire de ce mouvement » ; talonnée par la présidente (LR) de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, qui a déclaré : « J’ai un message pour vous. L’association des régions de France veut vous dire qu’elle ne fera pas défaut. La variable d’ajustement ne sera pas la politique de la ville. »

Dix mesures d’urgence votées

En fin d’après-midi, une liste de dix mesures d’urgence a été votée. Elus et associations réclament notamment la suspension immédiate de la réduction des contrats aidés, le rétablissement des financements de la politique de la ville, la mise en place d’un fonds de 100 millions d’euros pour les cent quartiers qui connaissent le plus de difficultés, la désignation d’un ministre de la ville et la création d’une plate-forme nationale recensant les initiatives nées de quartiers.

Par ailleurs, les participants ont décidé de présenter d’ici à trois mois un « plan national de solidarité » visant à proposer une « nouvelle méthode » et à « changer la donne » sur le long terme. Plusieurs thèmes ont été définis, tels que l’amélioration des relations entre les jeunes et la police, le soutien aux mères isolées, le développement de la formation professionnelle, l’aide à l’insertion et aux associations de terrain. « Le train est parti, a conclu Jean-Philippe Acensi, président de Bleu, blanc, zèbre. Il est inarrêtable. »