Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, le 15 octobre. / Abir Sultan / AP

Réuni pour le deuxième jour consécutif, le cabinet de sécurité israélien a déterminé sa position, mardi 17 octobre, au sujet du processus de réconciliation engagé par les factions palestiniennes. Cette position avait déjà été largement exprimée par le premier ministre, Benyamin Nétanyahou : son gouvernement exclut de reprendre des négociations avec les Palestiniens si le Hamas ne satisfait pas un certain nombre de conditions.

La première d’entre elle est le désarmement du mouvement islamiste, qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007 et s’est engagé à céder à l’Autorité palestinienne (AP) la gestion des affaires civiles, d’ici le 1er décembre. Mais le sort de sa branche militaire n’a pas été discuté, pour l’heure, entre les parties, réunies au Caire à plusieurs reprises. Le Hamas a nié s’être engagé, par exemple, à cesser toute attaque contre Israël, en Cisjordanie ou de Cisjordanie, comme l’évoquait la presse israélienne, évoquant une clause secrète. Même si le mouvement avait accepté un tel geste, il n’aurait pas d’intérêt, à ce stade, à le rendre public, car il est concentré sur l’unité palestinienne. L’AP a elle-même fait savoir qu’elle ne pourrait tolérer l’existence d’une force armée ne relevant pas de son gouvernement.

La deuxième exigence formulée à l’adresse du Hamas est sa reconnaissance d’Israël. Cette demande du gouvernement Nétanyahou a peu de chance d’être satisfaite. L’objectif du Hamas est de réintégrer les institutions palestiniennes, dont l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). A ce titre, comme simple faction ou parti, il estime qu’il n’a pas à reconnaître Israël puisque l’OLP l’a déjà fait. Le 9 septembre 1993, Yasser Arafat, dans une lettre adressée à Yitzhak Rabin, alors premier ministre israélien, écrivait ceci : « L’OLP reconnaît le droit de l’Etat d’Israël à exister dans la paix et la sécurité. »

Le gouvernement israélien demande aussi la rupture des liens entre le Hamas et l’Iran, la libération des deux civils détenus à Gaza par le mouvement islamiste, ainsi que la restitution du corps de deux soldats tués lors de l’opération « Bordure protectrice », à l’été 2014.

Enfin, Israël veut que toute la sécurité dans la bande de Gaza, y compris aux points de passage de Rafah et de Erez, soit placée sous l’autorité exclusive de l’AP.

Ni Israël ni l’Autorité palestinienne ne veulent donner le sentiment d’être à l’origine de l’échec

La presse israélienne a souligné depuis plusieurs jours le contraste entre la tonalité officielle, assez mesurée, et celle, bien plus virulente, lors de la tentative de rapprochement Fatah-Hamas en avril 2014. Sur sa page Facebook, le 12 octobre, le premier ministre israélien a écrit que la réconciliation « rendait la paix bien plus difficile à atteindre ». Mais aucune mesure de rétorsion n’a été prise contre l’Autorité palestinienne.

Cette prudence s’explique par plusieurs facteurs. Le premier est américain : les Etats-Unis ont pour ambition de relancer des négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens. Après d’innombrables visites dans la région, des envoyés spéciaux de Donald Trump, notamment son avocat, Jason Greenblatt, Washington a promis de formuler des propositions d’ici la fin de l’année. Les protagonistes du conflit partagent un même scepticisme concernant cette démarche, pour des raisons différentes. Mais ni Israël ni l’Autorité palestinienne ne veulent donner le sentiment d’être à l’origine de l’échec.

La position mesurée de M. Nétanyahou s’explique aussi par le rôle majeur joué par l’Egypte dans les négociations inter-palestiniennes. Le Caire cherche à affirmer son importance régionale, notamment aux yeux des Etats-Unis. Le Hamas et le Fatah ont ainsi salué l’implication de l’Egypte. Israël, lié par un traité de paix et une collaboration sécuritaire poussée avec le régime d’Abdel Fattah Al-Sissi, ne veut pas compromettre ces efforts.

Enfin, l’appareil sécuritaire israélien plaide depuis longtemps pour des mesures favorables à la population de Gaza. La pression financière imposée par l’Autorité palestinienne depuis mars a exacerbé la crise humanitaire, notamment ne réduisant l’électricité disponible à quelques heures. Si la réconciliation pouvait permettre d’améliorer un peu les conditions de vie et d’abaisser les tensions, Israël s’en accommoderait volontiers.