C’est sur un bilan mitigé que s’est achevé, avec deux heures de retard, le « rendez-vous  salarial » des syndicats de la fonction publique avec Gérald Darmanin, ministre de l’action et des comptes publics. Lundi 16 octobre, vers 19 h 20, après quatre heures de réunion à l’hôtel de Cassini, ancien ministère de la fonction publique, les représentants des fonctionnaires ont confié leur « déception ».

Une semaine après la mobilisation des agents publics – de 200 000 à 400 000 manifestants selon les sources –, le gouvernement a pourtant fait quelques concessions. M. Darmanin en a présenté le détail, lors d’une conférence de presse, juste après la sortie des syndicats.

La hausse de 1,7 point de CSG sera intégralement compensée par une prime et, pour les fonctionnaires qui les paient, par la suppression de cotisations. Depuis la semaine dernière, le gouvernement a fait un geste supplémentaire : cette prime sera actualisée en 2019. Par ailleurs, « à la demande de certaines organisations syndicales », « les situations de vie particulière (temps partiel, congés longue maladie, etc.) seront prises en compte ». De même, les nouveaux fonctionnaires bénéficieront également de cette prime. Reste que les agents publics demandaient à être traités comme les salariés du privé qui, eux, devraient voir leur rémunération augmenter…

La mise en oeuvre du PPCR décalée d’un an

Deuxième sujet de déception pour les syndicats : la mise en œuvre du protocole « Parcours professionnels, carrières et rémunération » (PPCR), accordé en 2015, sera décalée d’un an. Ce sont 800 millions d’euros que l’Etat n’aura donc pas à dépenser en 2018. Mais M. Darmanin a assuré que le PPCR serait bien appliqué sur le quinquennat. Cela représentera 11 milliards d’euros sur la période allant de 2017 à 2021, a précisé le ministre, et 4 milliards d’euros en année pleine en 2021.

Il a également rappelé que, dans son rapport d’audit rendu en juin, la Cour des comptes préconisait l’abandon du PPCR. Mince consolation pour des syndicats qui s’attendaient, depuis quelques semaines, à un tel décalage de mise en œuvre.

Gérald Darmanin a cependant précisé que, malgré le report du protocole, la rémunération des agents publics augmenterait de « 2 % en 2018, après 4 % en moyenne cette année », des chiffres que les syndicats contestent. Il a par ailleurs annoncé que la « garantie individuelle de pouvoir d’achat » (GIPA) serait appliquée en 2017. Cette prime qui tend à combler l’écart de rémunération avec l’inflation sur les quatre dernières années concernera 63 000 agents.

La mobilisation pourrait se poursuivre

En revanche, sur le gel en 2018 du point d’indice, le rétablissement du jour de carence, les fonctionnaires n’ont pas obtenu d’inflexion de M. Darmanin.

« Les fonctionnaires sont les sacrifiés de la politique de ce gouvernement. Emmanuel Macron est bien le président des riches et il n’est en aucun cas celui des agents publics », a regretté Baptiste Talbot, secrétaire général de la fédération CGT des services publics, premier syndicat de la fonction publique. M. Talbot a confié « une grande insatisfaction », avant de prévenir : « Ce qui est à l’ordre du jour au sortir de cette réunion, c’est le prolongement de la journée » de mobilisation du 10 octobre. L’intersyndicale se retrouve le 24 pour en discuter.

M. Darmanin a confié avoir rencontré les syndicats trente-sept fois depuis sa prise de fonction. Ce n’est sans doute qu’un début.