Twitter s’apprête à mettre en œuvre de nouvelles règles pour lutter contre le harcèlement sexuel sur sa plate-forme. / MATT ROURKE / AP

« Nous voyons tous les jours des voix réduites au silence sur Twitter. » Vendredi 13 octobre, le cofondateur de Twitter, Jack Dorsey, publiait une série de tweets aux allures de mea culpa. Alors que les accusations d’agressions et de harcèlement sexuel de la part du producteur Harvey Weinstein s’accumulaient, et que les témoignages de femmes sur Twitter commençaient à se multiplier, Jack Dorsey a reconnu que, bien que son entreprise ait « travaillé à contrer cela ces deux dernières années », en faisant même sa « priorité numéro 1 » en 2017, « cela n’a pas suffi ».

Une série de messages conclue par une annonce : « Nous avons décidé de nous montrer plus agressifs dans nos règles et la façon de les faire appliquer. » Jack Dorsey promettait que des changements seraient mis en œuvre « dans les prochaines semaines » et qu’il dévoilerait davantage de détails « la semaine prochaine ».

Ces détails ont toutefois été rendus publics plus tôt que prévu : mardi 17 octobre, le magazine spécialisé Wired a publié sur son site Internet un e-mail interne à l’entreprise, dans lequel la direction présente les modifications qu’elle compte mettre en œuvre sous peu.

Nudité non consensuelle et harcèlement

Twitter veut notamment modifier ce qui relève de la « nudité non consensuelle » : dorénavant, toute personne publiant une image de ce type pourra être banni « immédiatement et définitivement ». Auparavant, Twitter exigeait que le tweet soit supprimé et suspendait le compte de façon temporaire. Le réseau social veut aussi en profiter pour élargir la définition de la « nudité non consensuelle », qui jusqu’ici concernait des « photos et vidéos intimes », dans le but de lutter contre la vengeance pornographique. Désormais, les images prises sans le consentement des sujets, par exemple sous une jupe, seront concernées, tout comme les images en caméra cachée.

Concernant les « avances sexuelles non sollicitées », Twitter assure qu’il est difficile pour l’entreprise de déterminer si des messages sexuels sur sa plate-forme relèvent du harcèlement. Jusqu’ici, Twitter n’agissait que si une personne directement concernée par ce type de messages les signalait. L’entreprise veut désormais prendre en compte les signalements effectués par les témoins.

Plus largement, Twitter compte aussi s’attaquer plus fortement aux « symboles de haine », qu’elle peine encore à définir, en les cachant derrière un message d’avertissement, comme c’est déjà le cas pour certains contenus sensibles. L’entreprise dit aussi réfléchir à élargir la définition des « groupes violents » aux organisations « qui utilisent ou ont historiquement utilisé la violence comme moyen de faire avancer leur cause ».

Dans les colonnes de Wired, Twitter a expliqué qu’il comptait « partager ces annonces dans la semaine ». Jack Dorsey, qui a diffusé l’article du magazine sur le réseau social, a souligné que ces propositions avaient été envoyées au comité chargé de ces questions, afin qu’il donne son avis.