Le président américain Donald Trump a essuyé mardi 17 octobre un nouveau revers judiciaire, un juge fédéral d’Hawaï suspendant largement l’application de la dernière version de son décret anti-immigration.

Cette décision du magistrat Derrick Watson, qui siège dans cet Etat du Pacifique très démocrate, a une portée nationale. Elle est tombée quelques heures seulement avant l’entrée en vigueur dans sa totalité du texte interdisant de façon permanente le franchissement des frontières américaines aux ressortissants de sept pays, musulmans dans leur majorité.

La troisième version du décret « souffre précisément des mêmes maux que son prédécesseur », a écrit le juge Watson, en notant que le texte peinait à démontrer en quoi l’entrée permise à plus de 150 millions de ressortissants des pays visés « nuirait aux intérêts des Etats-Unis ».

Selon lui, le décret « effectue à l’évidence une discrimination fondée sur une nationalité », une éventualité proscrite par les « principes fondateurs de cette Nation ».

Le gouvernement devrait faire appel

Ce jugement « porteur d’erreurs dangereuses sape les efforts du président pour protéger la population américaine », a réagi la Maison Blanche. Le gouvernement devrait faire rapidement appel de cette décision, prolongeant ainsi une bataille épique devant les tribunaux qui a débuté fin janvier, avec de multiples rebondissements en première instance et en appel devant diverses juridictions du pays.

Donald Trump a justifié ses trois décrets par des motifs de sécurité nationale. Ses détracteurs lui reprochent au contraire de cibler sans raison et de façon discriminatoire des dizaines de millions de musulmans.

Deux précédentes moutures du décret anti-immigration de Donald Trump ont été suspendues par des juges, le dossier montant jusqu’à la Cour suprême. Celle-ci a finalement offert une victoire tardive et surtout symbolique au président, sur une deuxième version du texte aux effets expirés.

Un répit temporaire

Donald Trump a donc signé le 25 septembre un troisième et nouveau décret interdisant de façon permanente le franchissement des frontières américaines aux ressortissants de sept pays. Sont concernés le Yémen, la Syrie, la Libye, l’Iran, la Somalie, plus la Corée du Nord et le Tchad. De façon punitive, le nouveau décret suspend également l’entrée aux Etats-Unis de responsables gouvernementaux vénézuéliens. Les restrictions prévues par le nouveau décret devaient entrer en vigueur dans leur totalité mercredi.

L’injonction de suspension prise par le juge Watson bloque de facto ces restrictions d’entrée, sauf pour la Corée du Nord et le Venezuela: autrement dit, les très rares Nord-Coréens qui auraient désiré se rendre aux Etats-Unis ne pourront pas le faire, tout comme les quelques responsables vénézuéliens visés par le décret. En revanche cette suspension offre un répit, sans doute temporaire, aux Yéménites, Syriens, Libyens, Iraniens, Somaliens et Tchadiens qui souhaiteraient aller en Amérique.